PARIS
C’est une exposition de poche. Deux petites salles de la Fondation Custodia servent d’écrin à un ensemble petit par la taille, mais grandiose par la qualité : les portraits en miniature d’ordinaire conservés dans le médailler de l’hôtel Turgot.
Une collection initiée par Frits Lugt il y a un siècle et qui compte aujourd’hui une centaine de numéros. Soixante-cinq exemplaires sont exceptionnellement livrés au regard de tous à l’occasion de la publication du catalogue raisonné de ce fonds unique. En effet, à la différence de grands ensembles comparables, les choix du collectionneur n’ont pas été guidés par une démarche dynastique ou documentaire mais uniquement par la beauté et la rareté des objets. Cette singularité explique l’abondance de portraits d’inconnus ainsi que la grande diversité des écoles et des techniques.
Quelques pièces particulièrement virtuoses se distinguent de ce riche corpus. Difficile par exemple d’oublier le garçon peint par Coques, la Pompadour croquée par Liotard, ou encore le lieutenant Delacroix immortalisé par Riesener, portant à son revers un énigmatique motif d’œil furieusement en vogue à la fin du XVIIIe siècle.
L’accrochage raffiné met d’ailleurs bien en valeur le revers des pièces les plus spectaculaires. Telle la tresse composée des mèches de cheveux de plusieurs membres de la famille de l’inconnu portraituré par Charles Shirreff. Une preuve supplémentaire du caractère intime et sentimental de ces chefs-d’œuvre de quelques centimètres carrés, rendus « obsolètes » par l’invention de la photographie.
« Les portraits en miniature »,
Fondation Custodia/Collection Frits Lugt, 121, rue de Lille, Paris-7e, www.fondationcustodia.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Micro chefs-d’œuvre