PARIS
Près de dix ans après sa mort, le Grand Palais, dans le prolongement de la National Portrait Gallery de Londres à l’initiative de l’événement, rend hommage au légendaire Michael Jackson (1958-2009), chanteur et danseur de génie, sacré en 2000 artiste du Millénaire, en orchestrant une exposition collective regroupant une quarantaine de plasticiens contemporains, d’Andy Warhol à Harmony Korine via Candice Breitz, Isa Genzken, Jean-Luc Blanc, Paul McCarthy, Kehinde Wiley et tant d’autres, se proposant d’étudier, des années 1980 à aujourd’hui, le phénomène Michael Jackson sous toutes les coutures, sachant qu’il est une des personnalités du XXe siècle les plus représentées dans les arts visuels.
Certes, la musique et la danse sont abordées, mais il s’agit surtout de questionner l’impact du Roi de la pop, le premier musicien noir à acquérir une célébrité mondiale, sur l’art contemporain, à travers son statut d’idole, ses origines afro-américaines, sa carrière fulgurante, ses transformations physiques et ses paradoxes. C’est au son de certains tubes jacksoniens (Working Day and Night, Beat It, Jam…) résonnant dans les couloirs du musée et au sein d’un circuit pailleté se déployant en huit sections, du « danseur de légende » à un « Michael hors du temps » en passant par « les métamorphoses », que les visiteurs découvrent un Michael Jackson tour à tour caviardé, dédoublé, déformé, divinisé, divisé, masqué, moiré, multiplié et éclaté. On sort de ce grand-huit aux images kaléidoscopiques troublantes en se disant que, comme pour toutes les stars, plus on zoome sur Michael Jackson, plus le mystère s’épaissit. Bref, le « hiéroglyphe social » (Kobena Mercer) qu’était Michael n’a de toute évidence pas fini de fasciner les foules et d’être une source d’inspiration inépuisable, aussi bien pour un artiste sophistiqué comme Mark Ryden égrenant les références (Le Jardin des délices de Bosch, Cecil Beaton, Napoléon Ier par Ingres) que pour un simple fan sincère imitant en boucle dans sa chambre le mythique moonwalk pour tenter de toucher les étoiles.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Michael Jackson, King of pop… art !