GENÈVE / SUISSE
L’exposition, qui célèbre les liens qui ont uni deux artistes majeurs de l’Arte povera, a été pensée à partir de Sans titre, une œuvre de Mario Merz réalisée en 1985 à Genève et offerte au Musée d’art et d’histoire l’année suivante.
Cette installation monumentale, emblématique de la production de l’artiste, est présentée pour l’occasion dans le sous-sol du Musée Rath, tandis que les autres pièces occupent les trois grandes nefs du rez-de-chaussée.
Réalisée en étroite collaboration avec la Fondation Merz, cette exposition au parti pris minimaliste présente une dizaine d’œuvres qui témoignent de la grande proximité artistique et intellectuelle des deux artistes. Dans l’une des nefs, plus particulièrement consacrée au travail de Mario Merz, se côtoient Igloo de Marisa, installation historique réalisée en 1972 pour la célèbre documenta V de Cassel, et Table pour Marisa (2003), une des dernières œuvres réalisées par l’artiste et pour laquelle il a demandé à son épouse de réaliser une sculpture. Cette pièce, qui propose un face-à-face entre une pointe de fer figée dans la table de verre par Mario et une très fine tête en granite réalisée par Marisa, pourrait être interprétée, au même titre que toute l’exposition, comme « une forme d’autoportrait à quatre mains » pour reprendre les termes de Samuel Gross, commissaire.
De l’autre côté du bâtiment, dans la nef qui s’intéresse davantage au travail de Marisa, on trouve également une œuvre historique, pensée en 1988 pour la Biennale de Venise : un ensemble de têtes sculptées dans des matériaux divers, présentées sur leurs socles en bois d’origine, de tailles différentes. Face à deux grands dessins complexes des années 1990, se déploie une magnifique pièce réalisée en 2002. Invitée pour une exposition personnelle à la Galerie Marian Goodman à Paris, Marisa a demandé à Mario de réaliser une table en verre qui supporterait une quinzaine de têtes sculptées. Cette installation en spirale déborde ici d’une nef à l’autre, comme pour contaminer l’espace et matérialiser les relations entre les deux artistes.
Au fond de la nef centrale, où continue de se déployer cette œuvre, est reconstitué un accrochage énigmatique de grands dessins bruts de Mario associés à un dessin plus petit de Marisa, découvert dans l’appartement du couple lors du décès de Marisa en 2019.
Cette magnifique exposition, à la fois minimaliste et volontairement fragmentaire, est un très bel hommage à ce couple emblématique d’un des mouvements artistiques majeurs du XXe siècle. Elle révèle avec subtilité les dynamiques d’influence mutuelles qui ont été de véritables moteurs pour leurs œuvres respectifs, ici (enfin !) mis sur un pied d’égalité.
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Merz : Hommage à un couple emblématique de l’Arte povera
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Merz : Hommage à un couple emblématique de l’Arte Povera