Un film, une installation, un livre : tels sont les trois registres de la participation française de Melik Ohanian à la 26e Biennale d’art contemporain de São Paulo dont la thématique générale, illustrée par le titre Image Smugglers – in a free territory, est d’explorer les lieux abandonnés, inhabités, les territoires d’expérimentation. Le projet de l’artiste vise à mettre en exergue l’idée même d’événement en s’interrogeant sur sa nature, sur ses modalités, sur son inscription dans un récit. Intitulé Seven minutes before, le film de Ohanian est fondé sur l’idée d’accident comme action principale, celui-ci ayant été retenu comme modèle allégorique du temps utile propre à toute narration filmique. Passionné de cinéma, Melik Ohanian aborde la question essentielle du récit dans la composition même d’un film. Il analyse et interroge dans son travail les questions tant de lecture que de structure qui y sont ordinairement à l’œuvre. Les différents dispositifs qu’il imagine viennent ainsi perturber nos habitudes perceptives nous invitant à réfléchir sur les concepts de local, de délocalisation et de territoire. Ainsi les sept unités de film qu’il a réalisées pour cette biennale et qui convergent toutes vers le même temps unique, celui du récit, sont projetées frontalement de manière simultanée à touche-touche sur une largeur de vingt-huit mètres. Le temps d’avant et le temps d’après l’événement y sont les prétextes à faire une expérience spatiotemporelle totalement inédite dans laquelle le montage sonore occupe une place importante. Si le tournage a été réalisé en décor naturel, dans ce que l’artiste nomme « un désert vertical », intemporel, le paysage que montre le film d’Ohanian semble être un lieu universel que l’on pourrait rencontrer ici et là dans le monde. À l’écho de ce concept d’« espace monde » qu’introduit l’expérience éditoriale qui accompagne et prolonge le film. Intitulé Cosmogramme, conçu en toute complicité par l’artiste avec Jean-Christophe Royoux, cet ouvrage qui rassemble toutes sortes d’entretiens avec des philosophes, des anthropologues, des écrivains, des scientifiques, etc., dit la dimension tout à la fois plastique et intellectuelle du projet « mondialiste » de Melik Ohanian.
« Melik Ohanian », SÁO PAULO, 26e Biennale d’art contemporain, pavillon Oscar Niemeyer.
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Melik Ohanian, l’espace monde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°564 du 1 décembre 2004, avec le titre suivant : Melik Ohanian, l’espace monde