McCollum ou l’art en séries

Première exposition importante en France

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 27 mars 1998 - 401 mots

L’Américain Allan McCollum n’avait jamais bénéficié d’une exposition personnelle en France. Le Musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq propose aujourd’hui un important ensemble de cet artiste qui travaille en « séries ».

VILLENEUVE-D’ASCQ - À partir des années soixante, Allan McCollum, aujourd’hui âgé de 54 ans, a développé une réflexion sur les notions de modèles, d’uni­cité, d’authenticité de l’œuvre d’art, articulée dans des séries de pièces toujours réalisées à la perfection. Ses recherches sont également centrées sur la problématique de la condition même de la création et la question des espaces adéquats pour montrer son art : musée ou galerie. L’artiste a rapidement porté son étude sur le support et sur la technique de la peinture, tout en questionnant son propre rapport à l’œuvre d’art.

Ainsi, McCollum a débuté en 1978 sa série des Surrogate Paintings (substituts de peintures), installations de tableaux de petit format, réalisés en bois et en carton peint. Entre l’objet et la peinture, ces ensembles de cadres proposant tous une même monochromie posent la question centrale de l’accrochage. À partir de 1982, l’adoption d’une technique de moulage en plâtre – ce qu’il appelle ses Plaster Surrogates (substituts en plâtre) – va lui permettre de passer à une production de masse, à la fabrication en série, ainsi qu’à une réflexion sur la reproductibilité et l’unicité de l’œuvre d’art. Dans la même direction, McCollum a réalisé en 1985 la série des Perfect Vehicules (véhicules parfaits), peut-être l’une des plus montrées, qui se compose de vases en béton agrandis à la taille humaine et peints de différentes couleurs.

Le début des années quatre-vingt-dix marque un tournant dans l’œuvre de l’Américain : il abandonne les références au monde de l’art et à la société de consommation pour puiser ses modèles dans la nature, et réalise, à partir de 1990, un moulage du Chien de Pompéi pris au piège lors de l’éruption du Vésuve, ou des moulages de fossiles d’os et d’empreintes de pas de dinosaures. Sa réflexion s’oriente sur les notions du temps, de la fragilité du monde, comme autant de memento mori.
L’exposition de Villeneuve-d’Ascq se clôt sur une œuvre réalisée en commun par Allan McCollum et Louise Lawler, en 1988, Fixed Intervals (intervalles fixes), constituée de symboles graphiques agrandis et moulés en plâtre.

ALLAN McCOLLUM, jusqu’au 26 juin, Musée d’art moderne, 1 allée du Musée, Villeneuve-d’Ascq, tél. 03 20 19 68 68, tlj sauf mardi 10h-18h, Internet : www. nordnet.fr/mam/

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°57 du 27 mars 1998, avec le titre suivant : McCollum ou l’art en séries

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