AJACCIO
Si le XIXe siècle s’est ouvert fracassant avec Napoléon Ier, c’est sa nièce Mathilde Bonaparte (1820-1904) qui le traversera tout entier en y laissant la marque de ses affections, de son art et de ses idées.
Les salons de la « princesse Mathilde » ont vu passer parmi les plus grands artistes et littérateurs de l’époque, de Sainte-Beuve jusqu’à Proust, tous reçus dans l’abondance raffinée de ses hôtels particuliers de la rue de Courcelles et de la rue de Berri. Cette figure monumentale, synthèse autant qu’actrice du goût de tout un siècle, nous est donné à découvrir cet été par le palais Fesch, dans une exposition prolongeant la série sur la famille impériale. D’importants prêts, reçus notamment du Louvre, d’Orsay et de Versailles, ont permis de réunir l’essentiel de sa collection. Les aquarelles réalisées par la princesse y côtoient aussi bien les toiles orientalistes d’Eugène Fromentin que les marbres de Carpeaux, et cela au milieu d’antiquités, de robes et de mobiliers lui ayant appartenu. Éclectiques, l’accrochage et la scénographie imitent l’opulence des intérieurs du XIXe. Loin de se limiter à l’inventaire d’une vie, l’horizon de l’exposition est davantage d’immerger le spectateur dans une atmosphère esthétique singulière. L’objectif est de donner à voir le décor de l’effervescence mondaine et créatrice, et d’analyser le lien tissé entre la production littéraire et celle des arts plastiques. Par cette présentation, le palais Fesch ravive l’esprit d’une femme d’art et de cour qui nous reçoit et nous éclaire à nouveau cet été.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Mathilde ou le miroir d’un siècle