Le Museu de arte de São Paulo Assis-Chateaubriand revient avec bonheur à son système d’accrochage originel et original.
Un retour vers le passé, mais sans nostalgie et pour le meilleur. C’est peu dire que la décision d’Adriano Pedrosa, nommé il y a un peu plus de deux ans à la direction du Museu de arte de São Paulo Assis-Chateaubriand (MASP), de revenir au mode d’accrochage de la collection permanente lors de son ouverture en 1968 par Lina Bo Bardi (1914-1992), son architecte, constitue une décision à la fois forte et bienvenue.
Encombrée en 1996 par des cimaises tortueuses qui en divisaient l’espace, l’immense galerie rectangulaire située au deuxième étage du musée, complètement ouverte sur l’extérieur sur ses deux grands côtés, avait perdu son originalité en matière d’unité, de lumière et de transparence, qui en faisaient une expérience unique. Car Lina Bo Bardi imagina, de manière aussi radicale que l’architecture de son édifice, d’accrocher les tableaux, sur des chevalets transparents, en verre, plutôt que sur des cloisons.
C’est l’architecte Martin Corullon qui s’est attelé à redonner vie à cet ingénieux système qui paraît aussi léger que complexe. Autoportante, chaque paroi de verre de 10 mm d’épaisseur seulement est enchâssée dans un bloc de béton dans lequel elle est maintenue par une cale en bois. Les tableaux sont ensuite fixés au verre grâce à deux barres métalliques venant l’enserrer et servir de système d’accroche. L’absence de tout autre support rend les œuvres désormais littéralement flottantes, d’autant que tout le matériel pédagogique – notices et cartels – a été apposé sur la face arrière des parois.
Approche démocratique
Dispersées depuis le mois de décembre 2015 dans cette grande galerie ayant retrouvé toute l’ampleur initiale de son volume, 117 œuvres de la collection constituent une belle initiation à l’histoire de l’art européen – le MASP conserve l’une des plus importante collections de peinture européenne de l’hémisphère Sud. Le visiteur déambule ici entre le Greco, Titien et une Vierge florentine du XIIIe siècle, avant de rencontrer Fragonard, Gainsborough, une belle suite de portraits de Modigliani, quelques somptueux Cézanne… Il y croise enfin quelques œuvres de peinture latino-américaine signées Diego Rivera ou Candido Portinari.
L’expérience de la visite démontre de la part de Lina Bo Bardi sa volonté de promouvoir une approche démocratique de l’art. Car ce dispositif, qui élimine hiérarchies et parcours imposé, et offre une fluidité dans le déplacement, engendre manifestement une plus grande proximité avec l’œuvre. Les œuvres ne sont plus face au spectateur dans un rapport distancié imposé par la cimaise, mais avec lui dans un espace véritablement commun et partagé. Ce n’est pas le moindre de ses mérites.
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MASP : Une muséographie radicale
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Abonnez-vous dès 1 €Museu de arte de São Paulo Assis-Chateaubriand, avenida Paulista, 1578, São Paulo, tél. 55 11 3149 5959, masp.org.br, tlj sauf lundi 10h-18h, le jeudi jusqu’à 20h, entrée R$ 25 (env. 6,70 €).
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°464 du 30 septembre 2016, avec le titre suivant : MASP : Une muséographie radicale