LONDRES / ROYAUME-UNI
Pionnière - Performances mais aussi photos, vidéos ou installations, l’œuvre protéiforme de Marina Abramović s’expose en majesté à la Royal Academy.
La manifestation, conçue par l’artiste, permet de revivre certaines de ses performances à l’aide d’images d’archives, tandis que d’autres sont réinterprétées par une jeune génération de performers. Connue depuis une cinquantaine d’années, Abramović a réalisé ses premières interventions en solo de 1969 à 1975. Le corps féminin est au cœur de son œuvre, au point que l’on peut également la considérer comme l’une des pionnières de l’art corporel. AvecRythm O (1974), l’artiste se met réellement en danger, en se laissant manipuler par le public avec des objets choisis par ce dernier (fleurs, plumes, couteaux et même armes à feu). À Londres, une reconstitution de ce rituel, sorte de cérémonie religieuse détournée, fait appel à une énorme table recouverte de divers aliments et à une photographie où l’on voit les spectateurs qui ont participé à cette étrange rencontre. En 1976, Abramović fait la connaissance d’Ulay, avec qui elle va former un couple fusionnel et créatif durant douze ans. Ensemble, ils réalisent Rest Energy (1980), probablement leur performance la plus célèbre où les deux artistes tendent un arc avec une flèche dirigée vers le cœur de Marina, le seul poids de leurs corps maintenant la tension. Ailleurs, Abramović affiche toute sa sensibilité aux drames contemporains avec Balkan Baroque (Biennale de Venise, 1997), où elle s’enferme pendant quatre jours pour nettoyer un tas d’os sanguinolents, en rappel des guerres de Yougoslavie. Ailleurs encore, l’installation-performance The House with the Ocean View (2002) est une « maison » composée de trois pièces, où l’artiste vit durant 12 jours, ritualisant aux yeux de tous les gestes du quotidien. Enfin, elle se fait connaître mondialement en 2010, avec The Artist is Present, au MoMA : invitant les visiteurs à s’asseoir face à elle et à soutenir son regard, elle reste immobile pendant plus de 733 heures. Influencée par le bouddhisme, son œuvre prend ces dernières années une tangente franchement mystique, légèrement kitsch. Témoin, ce photomontage qui la montre en sainte Thérèse lévitant dans sa cuisine. Une réponse au fameux Saut dans l’espace de cet autre performer avant la lettre, Yves Klein ?
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Marina Abramović, la grand-mère de la performance
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Marina Abramović, la grand-mère de la performance