Marcel Storr, génial balayeur

Parisien de naissance, Marcel Storr est abandonné par sa mère à deux ans et demi. Placé par l’Assistance publique dans des fermes, il y est tant maltraité et battu qu’il en devient sourd. Jeune homme, il regagne Paris. Handicapé, ne sachant ni lire ni écrire, il y survit de petits boulots précaires. En 1964, à 53 ans, il se marie avec Marthe, gardienne d’école dans le 9e arrondissement. Cette même année, il est embauché par la Ville de Paris comme « cantonnier d’empierrement saisonnier », en fait balayeur au bois de Boulogne. Marcel Storr décède en 1976. Il n’a cessé de dessiner et de peindre de 1932 à la veille de sa mort, soit en tout une soixantaine de peintures sur papier, exposées pour la première fois dans leur totalité, et magistralement mises en valeur grâce à la scénographie de Laurent Danchin, commissaire de l’exposition.

Totalement autodidacte, maladroit à ses débuts, Marcel Storr est peu à peu devenu peintre, de plus en plus peintre. Son imaginaire et ses obsessions lui ont permis de construire un monde somptueux où il pouvait choisir ses points de repère, décider de ce qui est important pour qu’une vie ait un sens. Implacable, il a suivi sa logique, rigide, mais en l’enrichissant de toujours plus de liberté. Ses dernières mégapoles sont extraordinairement obsessionnelles, comme toute son œuvre, mais également libres, de plus en plus libres. Les ultimes le sont merveilleusement !