À trente-six ans, Marc Quinn, l’un des représentants de la jeune scène anglaise, présente chez White Cube2 son plus grand projet à ce jour. L’artiste continue à marier art et science pour explorer les limites du corps et des êtres organiques.
Actuellement, vous travaillez à l’extraction de votre ADN. Comment ?
Ma technique n’est pas encore très au point. Il faut que je m’améliore. Je n’arrive pas à me souvenir du nombre exact, mais on compte quelque 330 millions de permutations différentes d’ADN et la différence entre vous et moi ne représente que 1 000 permutations environ. Donc, même si on peut réaliser un clone de moi à partir de ce que contient ce tube à essais, cet ADN est à l’image de tout le monde.
L’été dernier, vous avez réalisé votre version personnelle du jardin d’Éden : un “jardin” gelé avec des plantes en suspension dans 25 tonnes de silicone liquide. Pourquoi ?
Je me suis toujours intéressé au permanent et à l’éphémère : on congèle des objets éphémères pour qu’ils deviennent permanents, et vice-versa. Je voulais créer un bel environnement, mais on ne peut éviter cette tension entre le naturel et le construit. C’est aussi une histoire de désir : les fleurs sont derrière une vitre, entourées de miroirs qui les répliquent pour toujours partout autour de nous. On en revient à l’idée de clonage et d’ADN.
Pour votre exposition chez White Cube, vous avez conféré à Garden une permanence plus accrue encore en intégrant son image dans une nouvelle série de tableaux. Comment sont-ils réalisés ?
À partir de photographies ; ils sont ensuite tirés sur toile avec des pigments permanents. Ces tableaux sont créés avec de la matière minérale et de ce fait, ils n’auront pas changé dans deux cents ans. Lorsque j’ai réalisé le jardin, je ne pouvais pas espérer mieux pour éprouver cette technique.
Que comptez-vous en faire ?
Je suis en train de faire une sculpture très simple : juste un tube à essais qui contiendra, si tout va bien, un spécimen plus parfait que celui que vous voyez là. Je veux présenter le tube à essais contre le mur, sans prétention. Ce sera la plus petite pièce de l’exposition, mais aussi la plus grande, parce qu’elle contient toute la vie humaine. Elle représente une rencontre entre le moi de l’artiste et celui de n’importe quelle autre personne.
White Cube2, 48 Hoxton Square, Londres, tél. 44 20 7930 5373, 30 novembre 2000 - 3 janvier 2001.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Marc Quinn - Quinn’s Law
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°114 du 3 novembre 2000, avec le titre suivant : Marc Quinn - Quinn’s Law