L’œil du spectateur ne sait plus où est la couleur, n’a plus de repères face aux toiles de Manuel Jover. Suivant l’éclairage, les couleurs apparaissent ou disparaissent (série Sans titre), glissent subtilement les unes dans les autres. L’œuvre peut sembler monochrome, devenir invisible, ne se dévoiler qu’après un temps d’observation. Seuls les bords du tableau, très affirmés, fixent des limites à l’espace peint. Le passage entre les couleurs est au centre des recherches de l’artiste, comme dans les Papillons, par exemple, ou une série de diptyques au titre évocateur, Syncope. La couleur déborde d’un panneau à l’autre, se dissout. Les alliages sont imprévus, acides, glauques parfois. Il y a dans le mot syncope l’idée d’une perte de connaissance, d’un basculement. Manuel Jover joue sur des sensations physiques, son œuvre s’appuie sur le vécu (la chair, la naissance et la mort), n’est pas seulement mentale malgré son aspect minimaliste et conceptuel. Très différente sur le plan formel (matière épaisse, raclures), Le Cimetière des couleurs est une œuvre intime qui procède par accumulations, couches successives d’excédents de peinture récupérés sur la palette, trace du temps passé dans l’atelier. Là encore, la peinture vit et meurt, surgit ou s’efface. A découvrir aussi, ses dessins au fusain et les travaux de deux autres artistes, Pierre-Henri Buestel et Danièle Fauvel.
PARIS, Fondation nationale des Arts graphiques et plastiques, 27 février-11 mars.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Manuel Jover, l’art de la syncope
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Manuel Jover, l’art de la syncope