Maître Théodoric à Prague

PRAGUE - L’empereur Charles IV, fondateur de l’université de Prague, français d’éducation qui a gardé toute sa vie des liens avec la France, avait fait construire à Karlstejn une forteresse réputée imprenable pour abriter les trésors royaux, des archives précieuses et les reliques des saints qu’il vénérait particulièrement. La partie supérieure de la chapelle, d’une splendeur inégalée à son époque, était entièrement couverte des peintures de Théodoric. L’armée des saints apôtres, rois très chrétiens – parmi lesquels Charlemagne et Saint Louis –, évêques et chevaliers veillait sur les joyaux de la Couronne. Des alvéoles creusées dans le cadre des panneaux renfermaient de petits reliquaires.
On sait peu de choses du Maître, si ce n’est qu’il était peintre de la Cour et que son nom apparaît en 1365 sur les registres de la Fraternité des peintres de Prague. Une lettre de Charles IV, datée d’avril 1359, atteste de l’estime dans laquelle le tenait le souverain à l’issue de ses travaux pour la Chapelle. Mais il est le premier peintre tchèque sorti de l’anonymat des artistes du Moyen Âge.

Avec des fonds d’or et des ornements rehaussés de perles et de pierres fines, ses portraits vivants utilisent d’une façon nouvelle la lumière et la couleur, où transparaissent à la fois l’influence de l’Italie du Nord et la tradition locale, montrant un talent très original et constituant un tournant dans la peinture tchèque.

À l’issue de l’exposition, les 80 panneaux rejoindront leur chapelle d’origine, récemment restaurée, mais, pour des raisons de conservation, la visite en sera strictement limitée. L’exposition est une occasion exceptionnelle de les voir dans les meilleures conditions d’accrochage.