« Mademoiselle, on me dit que vous ressemblez à un Maillol ou un Renoir. Je me contenterai d’un Renoir. » C’est par ces quelques mots adressés à Dina Vierny en 1934 que le sculpteur Aristide Maillol fait la connaissance de son dernier modèle, véritable incarnation de ce corps féminin qu’il a inlassablement reproduit sa vie durant. Cette jeune Russe de 15 ans, aux formes épanouies, mettra toute sa nature passionnée au service de son œuvre. Elle devient son historiographe puis, à sa mort, son exécuteur testamentaire. Aujourd’hui, la fondatrice du Musée Maillol de Paris, propose une rétrospective de l’ensemble de sa création au cœur de la région qui l’a vu naître (parallèlement à l’exposition, un circuit a été mis en place permettant au public de découvrir in situ les sculptures de Maillol essaimées dans le département des Pyrénées-Orientales). 130 œuvres (sculptures, dessins, gravures, peintures) témoignent des recherches de Maillol sur la forme, le volume du nu féminin, essence même de son travail. « Qui représente la femme, peut représenter l’univers », disait-il. Seul compte le corps, son intemporalité, son intériorisation et son architecture. Réduisant les formes à des figures géométriques simples, ses sculptures, dépourvues de modelé, se détournent du réalisme et entrent de plain-pied dans la modernité. La Méditerranée, présentée au Salon de 1905, crée l’événement. Devant ce bronze qui s’inscrit dans un carré parfait, coupé par une ligne diagonale, Gide s’exclame : « Elle est belle, elle ne signifie rien ; c’est une œuvre silencieuse. » Attentif aux volumes et à leur simplification, Maillol allait ouvrir la voie au cubisme, à l’abstraction, à des sculpteurs comme Arp ou Brancusi.
PERPIGNAN, Palais des Congrès, jusqu’au 10 septembre, cat., éd. Benteli, 190 p.
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Maillol, retour au pays
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Maillol, retour au pays