Art contemporain

Tourcoing (59)

Machines à fictions

Le Fresnoy – jusqu’au 5 janvier 2025

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 21 octobre 2024 - 329 mots

Art Contemporain -  Depuis vingt-six ans, « Panorama » présente les œuvres réalisées, lors de l’année universitaire écoulée, par les étudiants du Fresnoy et leurs enseignants – des artistes invités tels que Justine Emard, Kader Attia, Macha Makeïeff, Smith, Véréna Paravel ou Roque Rivas pour le cru 2023-2024.

Confiée à un commissaire chevronné, l’exposition est toujours un petit événement : c’est une fenêtre précieuse sur la jeune création contemporaine dans son versant audiovisuel et numérique, tout autant qu’un arrêt sur image de l’époque et un état des lieux des technologies qui la façonnent. Cette année, c’est Marta Gili qui se prête à l’exercice délicat de « construire un récit à partir d’œuvres déjà là », selon ses mots. Pour définir le parcours de l’exposition, l’ancienne directrice du Jeu de paume et de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles est partie d’une question toute simple : « Comment les jeunes artistes voient-ils le monde ? » Ou, pour le dire autrement, quelles réalités décrivent-ils ? Ces questions mènent à « Toute ressemblance avec la réalité n’est pas pure coïncidence », titre choisi par Marta Gili, un parcours de 22 installations et une trentaine de films organisées en trois « cosmovisions ». La première évoque les promesses rompues et les politiques de la consolation, et rassemble des œuvres dominées par le deuil, la perte ou la nostalgie. Dans la deuxième, il est question de normalisation du paysage de la cruauté et d’accoutumance à toutes les formes de surveillance, de contrôle et de violence. Enfin, un troisième pôle s’intéresse aux politiques de l’intime et à la reconfiguration des frontières entre public et privé à l’ère numérique. Ce triptyque mobilise un large éventail de technologies : le jeu vidéo (Justine Emard, Xiyue Hu et Xiang Xiao), la réalité virtuelle (Lucas Leffler, Anna Biriulina, Alisa Berger, Domenico Singha Pedroli), les dispositifs sonores (Alan Affichard, Mélia Roger), et même un « stréphochronoscope » (Ethann Néon). L’intérêt de ce « Panorama » est d’en dévoiler toute l’ambivalence, et montrer comment les technologies abîment et isolent, mais aussi soignent et réparent.

« Panorama 26 - Toute ressemblance avec la réalité n’est pas une pure coïncidence »,
Le Fresnoy - studio national des arts contemporains, 22, rue du Fresnoy, Tourcoing (59), www.lefresnoy.net

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°780 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Machines à fictions

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