Céret réhabilite un peintre longtemps oublié : Maurice Loutreuil. Associé à la nébuleuse de l’école de Paris, il a mené un parcours douloureux tout entier tendu vers le « secret de la peinture ».
Redécouvert il y a tout juste vingt ans, Maurice Loutreuil (1885-1925) est de ces artistes dont les convictions et la biographie douloureuse ont contribué à une tardive reconnaissance. Peintre attachant, d’une singulière puissance expressive, il est aussi ce personnage idéaliste et révolté, infatigable voyageur ou errant malheureux, anarchiste insoumis, pacifiste militant, empruntant et inventant au sortir de la guerre des chemins de traverse collectifs en marge du succès qui s’apprête à bouillir sous le feu des marchands montparnassiens.
Une carrière de vingt ans
Maurice Loutreuil c’est aussi cet amant malchanceux, d’une espèce écrit-il, « que les femmes haïssent le plus : celui qui les attire à elles et qui n’est pas assez fort pour les retenir ». Des échecs répétés que viendront exaspérer de difficiles conditions d’existence, à peine adoucies au seuil des années 1920, avant que la maladie ne l’emporte à tout juste trente-neuf ans.
Quant à son art, sa manière ne dérogea guère. Il y eut bien des ajustements, des trouvailles, une détermination et une légèreté gagnées, mais durant ses vingt années de pratique, la peinture de Maurice Loutreuil semble fermement tenue par une ligne sensible et indépendante. Celle d’une peinture qu’il qualifie de « directe ». De 1906 à 1925, du Mans, dont ce fils de notaire est originaire, à Paris, où il tente sa chance dès 1909, l’artiste dessine, examine, apprend, peint, questionne, écrit, commente. Dans le même temps, son geste se fait leste, impétueux, procède par touches de plus en plus longues, volontaires et sans repentirs, usant volontiers de palettes contrastées et lumineuses.
« Je ne conçois, finit-il par comprendre, qu’une signification du mot peinture, que le travail sur nature et aussi spontané que possible, ce qui ne veut pas dire impressionniste, mais plutôt dans le sens de “construction de la sensibilité”. » Un credo d’inspiration cézanienne qui organise largement paysages, nus, natures mortes et portraits brossés avec une expressivité appuyée et vigoureuse, laissant parfois comme un sentiment vaporeux d’inachèvement. À la recherche de « l’unité de la gamme », de la mesure et de l’harmonie volontiers empruntées au champ musical dont il retient la capacité à augmenter le « champ de nos sensations ».
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Loutreuil
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Loutreuil