Le Palais des Expositions à Rome accueillera du 12 juillet au 17 octobre soixante-dix-sept grands formats des années 60 du grand sculpteur américaine, en même temps que les expositions Albers et Hackert.
ROME - "Très belle femme, au fort caractère. Je la revois fumant son cigare… " Germano Celant rappelle en ces termes le souvenir de Louise Nevelson, le grand sculpteur américain disparu en 1988. "Des relations qui se sont poursuivies plus de vingt ans. Les premiers contacts remontent à 1969-1970, alors que je préparais pour Fabbri une publication sur son travail. Puis la Biennale vénitienne de 1976, avec la reconstitution partielle de l’une de ses pièces Moon Garden One. Puis tant de rencontres à New York, dans Spring Street." Une amitié jamais démentie, jamais diminuée, et qui trouve aujourd’hui un regain de vitalité dans la rétrospective organisée par Celant et Rossella Siligato.
La présence de 77 grands originaux en fait la plus grande rétrospective européenne jamais consacrée à l’artiste, avec la volonté précise de créer "un grand effet d’information". La mise en scène et l’aménagement – encore à définir dans les détails – cherchent à "maintenir l’atmosphère de travail, comme si Louise était là". Ils excluent donc tous les travaux sur papier, les collages, les lithographies et même les premières œuvres de Nevelson : dessins, gravures et sculptures sur divers matériaux des années 30 et 40, antérieurs à sa séparation d’avec son mari, Charles Nevelson.
Masse d’acier
La reconnaissance du public n’advient qu’au cours de la décennie suivante, lorsqu’elle commence à composer ses premiers assemblages en bois. En 1956, l’une de ses œuvres entre au Whitney Museum : Black Majesty, présentée à l’exposition. Deux ans plus tard, c’est une Sky Cathedral qui franchit le seuil du Musée d’art moderne de New York.
C’est de ces œuvres que part l’exposition, pour parcourir toutes les années 60 et 70, jusqu’à ses travaux les plus récents. Night Wall-Frozen Laces (1976-1980), masse d’acier de plus de six mètres sur trois, peinte en noir, occupera la partie centrale de l’exposition. Dans les salles adjacentes, les autres travaux seront disposés "selon leur linéarité chronologique, avec quelque souplesse, une certaine respiration", nous précise Celant.
Premier regroupement méthodique
On verra des sculptures comme Sky Presence II, Sky Chapel V et la blanche Dawn Column II, toutes provenant de la galerie Anderson de Buffalo (New York) ; la grande Sky Cathedral-Moon Garden One, de la collection Glimcher de New York, déjà présentée partiellement à la Biennale de Venise en 1976 ; diverses Black Works prêtées par le Whitney Museum et la galerie Pace de New York, et plusieurs autres en provenance des collections italiennes et étrangères. Peu de Transparent Works (sur verre, miroir et plexiglas), en raison de leur extrême fragilité ; peu de travaux sur or, également, extrêmement délicats à cause du type particulier de vernissage : Golden Gate (1961), An American Tribute to the British People (1960-1965), Sun Garden I (1964), ainsi que Untitled Columns (1971), d’une collection allemande. Des États-Unis viendront la plupart des œuvres, mais aussi certains des anciens assistants de l’artiste, dont l’expérience facilitera le montage et le démontage des sculptures.
Un catalogue (Éditions Charta) fournira le descriptif d’environ 150 œuvres, une anthologie des textes de l’artiste et une biographie de Louise Nevelson.
Durant l’été, le Palais des expositions hébergera aussi une présentation en provenance de Venise, "Josef Albers : verre, couleur, lumière", réalisée en collaboration avec la Fondation Guggenheim (20 juillet - 15 septembre), ainsi que l’importante exposition "Le paysage d’après nature. Jacob Philipp Hackert et son cercle" (14 juillet - 30 septembre), avec plus de 150 œuvres : huiles, gravures, gouaches, aquarelles et dessins.
Pour l’œuvre d’Hackert, il s’agit du premier regroupement méthodique d’une production abondante et très dispersée, organisé par le Cabinet des Estampes en collaboration avec la Surintendance de Caserta, l’Istituto Nazionale per la Grafica, les éditions Artemide et les musées de Weimar, Düsseldorf et Saint-Pétersbourg. Les travaux du peintre allemand (1737-1807), dans la lignée des vedutistes de la fin du XVIIIe siècle, ont connu un énorme succès, d’abord à Rome où il s’était établi en 1768, puis à Naples à la cour de Ferdinand IV. Sa forte personnalité artistique a influencé toute une génération d’artistes allemands résidant à Rome, mais sa carrière a atteint son apogée à Naples où Goethe prit auprès de lui des leçons de dessin. Il s’enfuit à l’arrivée des Français (1799) et passa les dernières années de sa vie à Careggi, en Toscane, continuant de travailler ses études de paysage.
Palais des Expositions : Rétrospective Louise Nevelson, 12 juillet-17 octobre. "Josef Albers : verre, couleur, lumière", 20 juillet-15 septembre. "Le paysage d’après nature. Jacob Philipp Hackert et son cercle",14 juillet-30 septembre.
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Louise Nevelson in memoriam
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Louise Nevelson in memoriam