Depuis quelques années, l’œuvre de Louise Bourgeois suscite un intérêt considérable, qui a culminé à l’occasion de sa participation à la Biennale de Venise en 1993. Les expositions de dessins et d’estampes présentées cet hiver précèdent de quelques mois la rétrospective que lui consacrera le Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
PARIS - Née en France en 1911, Américaine d’adoption dès 1938, Louise Bourgeois n’avait pas eu les honneurs d’un musée français avant 1990, date à laquelle le Musée d’art contemporain de Lyon accueillit une première rétrospective. Les expositions que la galerie Lelong et, plus récemment, la galerie Karsten Greve lui ont consacrées, avaient cependant permis au public français de se familiariser avec son œuvre, à laquelle le pavillon américain de la Biennale de Venise en 1993 a donné une vaste audience internationale.
Il semble que les rapports de l’artiste avec son pays natal soient en passe de se normaliser, puisque trois institutions lui rendent un tardif hommage, d’autant plus justifié que l’art de Louise Bourgeois, qui dans ses principes n’a pas sensiblement varié depuis les années quarante, a suscité de nombreux échos dans la production contemporaine.
En attendant la rétrospective qui s’ouvrira à la mi-juin au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, les expositions du Centre Pompidou et de la Bibliothèque nationale permettent de mieux connaître un aspect essentiel du travail de Louise Bourgeois : le dessin. Il lui est, dit-elle, "indispensable, parce que toutes ces idées qui viennent, il faut les attraper comme des mouches quand elles passent, et puis alors, que fait-on des mouches ou des papillons, on les conserve et on s’en sert."
Longtemps confinés dans l’atelier, comme les pages d’un carnet intime, les dessins ne sont présentés dans ses expositions que depuis peu de temps. Ils tiennent pourtant un rôle de premier plan, par le rapport dialectique qu’ils entretiennent avec les sculptures et les environnements. On voit parfois, dans des séries plus ou moins étendues, la première esquisse se préciser d’une feuille à l’autre jusqu’à ce que le projet soit suffisamment élaboré pour qu’il puisse être alors transcrit en volume.
"Ce que vous avez écrit devient visible, mais je veux plus que ça, je veux que le visible devienne tangible." Cependant, l’emprise des traits auto-biographiques dans toute son œuvre est telle que le dessin donne le sentiment d’une plus grande proximité vis-à-vis des contenus, comme si le caractère tangible de la sculpture impliquait une nécessaire mise à distance.
"Louise Bourgeois, dessins", Galerie d’art graphique, Centre Georges Pompidou, jusqu’au 10 avril, tous les jours sauf mardi de 12h à 22h. Catalogue de la collection "Carnet de dessins", avec des textes de Marie-Laure Bernadac et Deborah Wye, et un entretien avec l’artiste, 96 p., 130 F.
"Louise Bourgeois, estampes", Galerie Colbert, Bibliothèque nationale, du 9 février au 1er avril.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Louise Bourgeois trait pour trait
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : Louise Bourgeois trait pour trait