Soixante-dix ans après sa mort, le Suisse Louis Soutter (1871-1942) reste très peu connu du public français.
L’exposition de La Maison rouge, qui réunit plus de deux cent cinquante œuvres de l’artiste, répare cette injustice. Son œuvre singulière est montrée dans son ensemble, depuis les dessins académiques de jeunesse, période durant laquelle Soutter est considéré comme un artiste professionnel, jusqu’aux « dessins aux doigts » des années 1937 à 1942.
Parce qu’il a passé les vingt dernières années de sa vie dans un asile pour vieillards, on a tôt fait de l’étiqueter « Art brut ». Or, et c’est le parti pris de la commissaire d’exposition Julie Borgeaud, il est plus juste de situer Louis Soutter entre l’Art brut et l’art contemporain. Soutter n’était en effet pas « indemne de culture », comme l’a rappelé Dubuffet. Il était même un homme très cultivé : violoniste de talent, il a étudié l’histoire de l’art. Aussi, cette rétrospective a le mérite de mettre l’accent moins sur la marginalité de Soutter, certes indéniable, que sur sa grande modernité.
Cette œuvre développée à huis clos fait indéniablement écho aux recherches plastiques de ses contemporains ; ses séries de Christ crucifié et de Vierge martyrisée rappellent Rouault. Quant à ses peintures à l’encre noire représentant des personnages aux formes primitives et à ses livres sur lesquels sa « main sismographique » est directement intervenue, ils annoncent manifestement les recherches expérimentales d’artistes de générations suivantes, tels Arnulf Rainer et Pierre Alechinsky.
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Louis Soutter enfin réhabilité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : Louis Soutter enfin réhabilité