Carmen, Pelléas et Mélisande, Les Contes d’Hoffmann… Ces opéras sont parmi les plus joués dans le monde.
Ils ont tous été créés à l’Opéra-Comique (CNCS), qui fête son tricentenaire au Centre du costume de scène et de scénographie à Moulins et au Petit Palais à Paris. Mais son histoire commence bien plus tôt, dans les foires parisiennes où se produisent toutes sortes de troupes entre les étals de marchands. Parmi les jongleurs et les montreurs d’animaux, des comédiens jouent de petites scènes entre deux acrobaties. Ici naissent l’opéra-comique, ses personnages et sa créativité pour contrer la censure qui réserve le chant à l’Opéra et le théâtre à la Comédie-Française. Seul le monologue lui est attribué, puis bientôt un baragouinage pour laisser les mots aux vrais acteurs, puis finalement les troupes doivent s’en tenir aux pancartes pour faire chanter le public. Agnès Terrier, dramaturge et commissaire de l’exposition, aime à dire que la troupe a inventé la bande dessinée et le karaoké ! Le 26 décembre 1714, les lettres patentes du roi Louis XIV donnent naissance à l’Opéra-Comique en tant qu’institution. Son répertoire, qui se nourrissait des travers de la société, de personnages livresques, de la commedia dell’arte, s’étoffe de compositions originales, comme celle de l’auteur Dauvergne, né justement à Moulins. Au CNCS, ce sont les costumes du répertoire qui sont mis en scène par Macha Makeïeff. On ne dira jamais assez la difficulté de présenter les reliques d’un personnage, sans le texte, la musique et la scène, prouesse que réussit chaque fois le Centre. Comme un théâtre silencieux, chaque vitrine présente les costumes de diverses productions présentés par thèmes : l’Espagne avec Carmen, Don Quichotte, Les Noces de Figaro, les Orients portés par le kimono de Madame Butterfly et le costume de Lakmé de Natalie Dessay dans une production de 1995. Le costume est un pilier des productions de la troupe qui dès sa naissance doit faire reconnaître au public les personnages d’un seul coup d’œil. La comédienne Justine Favart cherche le réalisme de l’incarnation quand les comédiens de la Comédie-Française portaient leurs propres vêtements parés de bijoux pour jouer même une servante. Ce n’est d’ailleurs pas la seule innovation liée à l’Opéra-Comique : les banquettes pour le parterre, la disposition symphonique de l’orchestre comme les normes de sécurité à la suite du grand incendie de 1887 qui fit plus d’une centaine de morts et le théâtrophone qui permet d’écouter les pièces en direct depuis son salon grâce à un abonnement. Ce dispositif est évoqué à la fin du parcours de l’exposition présentée au Petit Palais, qui, elle, s’attarde sur cinq chefs-d’œuvre de l’Opéra-Comique, mais également des œuvres plus étonnantes comme Le Rêve d’Alfred Bruneau d’après le roman d’Émile Zola (que Bruneau rencontre par la suite pour écrire des livrets). Maquettes de costumes, de décors, archives, lettres et affiches redonnent vie aux productions. Les sections consacrées au procès après le violent incendie ainsi que la construction de la troisième salle Favart reconstituent le fil de l’histoire de l’institution dirigée depuis 2007 par Jérôme Deschamps.
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L’Opéra-Comique mis en scène
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Abonnez-vous dès 1 €« Les Trésors de l’Opéra-Comique », Centre national du costume de scène et de la scénographie, Quartier Villars, route de Montilly, Moulins (03), www.cncs.fr
« De Carmen à Mélisande. Drames à l’Opéra-Comique », Petit Palais-Musée des beaux-arts
de Paris, avenue Winston-Churchill, Paris-8e, www.petitpalais.paris.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : L’Opéra-Comique mis en scène