La capitale anglaise célèbre les fastes de la Chine impériale à travers des pièces prêtées par la Cité interdite de Pékin. Elle revient aussi sur un empire oublié, la Perse.
LONDRES - Réunissant plus de quatre cents pièces, l’impressionnante exposition de la Royal Academy of Arts de Londres, consacrée aux trois empereurs de la dynastie Qing, a été inaugurée le 9 novembre par le président chinois Hu Jintao et la reine Élisabeth II – accompagnés pour l’occasion de manifestants venus défendre l’indépendance du Tibet. Beaucoup dans la capitale perçoivent d’ailleurs cette rétrospective comme un acte politique. Pour montrer que, malgré la révolution culturelle, la Chine d’aujourd’hui, dont les représentants ont été reçus en grande pompe, n’a pas rompu avec son prestigieux passé.
Présentés selon une très belle scénographie, le mobilier et les parures, céramiques, bronzes, manuscrits, objets rituels, jades, armures et peintures réunis ici évoquent avec subtilité l’ambiance des demeures impériales. Ils témoignent des règnes des empereurs Kangxi (1662-1722), Yong-zheng (1723-1736) et Qianlong (1736-1796), dont le territoire était plus vaste que celui de l’actuelle Chine, atteignant l’Asie centrale et la Mongolie au nord, le Vietnam au sud. Provenant en majorité de la Cité interdite de Pékin, actuellement en travaux de rénovation, certaines œuvres viennent en Europe pour la première fois. D’autres ont déjà été vues par le public français lors de l’exposition organisée sur l’empereur Kangxi au château de Versailles en 2004, dans le cadre de l’Année de la Chine en France (lire le JdA no 188, 5 mars 2004). D’immenses portraits des trois empereurs accueillent le visiteur. Véritables œuvres de propagande, ils mettent en exergue les multiples vertus de Kangxi, Yongzheng et Qianlong, représentés sur des trônes-dragons en or et parés de vêtements des plus délicats. Taillés dans du satin, de la soie ou de velours et cousus de fils d’or, de très beaux exemplaires originaux de ces célèbres « tuniques à dragons » sont exposés à leurs côtés. Parmi les pièces d’exception, signalons les peintures sur soie fourmillant de détails et se déployant sur de longs rouleaux, exécutées par Wang Hui (1632-1717), qui raconte les campagnes de l’empereur dans les provinces chinoises, ou par Xu Yang (connu de 1750 à 1776), qui aborde le retour du conquérant à la Cité interdite ; ou cette délicate jarre de l’époque de Yongzheng, en porcelaine pourpre et turquoise, un mélange particulièrement difficile à réaliser. De nombreuses calligraphies de la main même des empereurs montrent que, tout en étant de redoutables chefs militaires, ceux-ci étaient également cultivés et délicats, à la fois mécènes et collectionneurs. Mais ici aussi, l’art était avant tout utilisé à des fins politiques, pour légitimer le pouvoir et glorifier l’État. Une pratique ancestrale toujours en vogue aujourd’hui.
Jusqu’au 17 avril 2006, Royal Academy of Arts, Burlington House, Piccadilly, Londres, tél. 44 207 300 8000, tlj 10h-18h (jusqu’à 22h le vendredi et le samedi) ; pour s’y rendre, www.eurostar.com. Catalogue, 496 p., 27,95 livres sterling (40,80 euros). - Établissements prêteurs : Cité interdite de Pékin, Musée du Louvre - Nombres de pièces : 401 - Nombre de salles : 10
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Londres explore la Chine et la Perse
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Abonnez-vous dès 1 €De 550 à 330 avant notre ère, les Perses ont régné sur un immense empire, qui s’étendait de l’Afrique du Nord aux confins de l’Asie centrale et du golfe Persique. Pour témoigner des richesses et splendeurs de cet empire disparu, dominé par les règnes de Cyrus, Darius et Xerxès, le British Muséum, à Londres, réunit aux côtés de ses propres collections des pièces issues du Musée national de Téhéran et du Musée de Persépolis, exposées pour la première fois au Royaume-Uni. Les imposants palais de Suse et de Persépolis sont évoqués par des pièces d’architecture monumentales, comme ce chapiteau d’une colonne provenant du porche sud du palais de Persépolis ou cette tête de taureau issue elle aussi d’un chapiteau. Des bijoux en or, un bol ciselé dont les personnages ont été recouverts d’une feuille d’or ou encore l’impressionnante figurine d’or représentant un rhyton terminé par un lion ailé soulignent l’excellent savoir-faire des orfèvres perses. En s’appuyant sur les sources orientales plutôt que sur les textes grecs classiques, le British Museum apporte un nouvel éclairage sur une civilisation perçue trop souvent comme despotique et impitoyable. « L’empire oublié : le monde de la Perse ancienne », British Museum, Great Russel Street, Londres, tél. 44 207 323 8000. Jusqu’au 8 janvier 2006.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°226 du 2 décembre 2005, avec le titre suivant : Londres explore la Chine et la Perse