XXe-XXIe siècle - C’est au Centre Pompidou, en 1994, qu’a eu lieu la première exposition institutionnelle de Marisa Merz (1926-2019).
Trente ans plus tard, le LaM consacre à cette artiste majeure, récompensée d’un Lion d’or à la Biennale de Venise en 2013, une grande rétrospective. Pourtant – les commissaires insistent sur ce point –, l’exposition a été pensée de manière « organique et fluide », et non comme une rétrospective classique. Une manière de respecter la vision et la méthodologie de l’artiste, qui ne s’intéressait pas à la chronologie et voyait l’exposition comme une « matière vivante ». Des œuvres iconiques, comme ses « Testine » – des têtes modelées en argile, cire ou plâtre –, ou les « Scarpette » – des petites chaussures réalisées en fil de nylon –, côtoient une production plus intime, dont certaines œuvres n’avaient jamais été montrées. L’exposition s’appréhende comme « un grand collage », selon les termes de Sébastien Delot, l’un des commissaires, et offre une plongée dans l’univers poétique de Marisa Merz, dont l’œuvre mêle constamment délicatesse et expressivité. Seule femme associée à l’Arte povera, elle en partageait les principes fondateurs, notamment une attention particulière portée à l’espace, au processus et aux matériaux, souvent périssables, tout en ayant toujours conservé une certaine autonomie. Après une première salle introduisant le travail de l’artiste avec quelques œuvres majeures, le visiteur se retrouve dans un espace documentaire riche et dense, fruit d’un important travail réalisé dans les archives. Rassemblant dates, documents, photographies et témoignages, il retrace la carrière d’une artiste qui résiste à toute catégorisation et n’a jamais séparé l’art de sa vie personnelle. En dehors de cet espace (et d’un livret de visite), il n’y a aucune date ou élément documentaire. C’est en majesté, sans fioritures et dans une scénographie épurée, qu’est présenté le travail insaisissable de l’artiste, fait de multiples variations et qui se déploie dans divers médiums (sculptures, dessins, installations). Se retrouvent ainsi rassemblés des motifs (notamment des visages, souvent simplement esquissés), des matériaux (cuivre, paraffine…), des techniques (le tissage), mais également des influences, comme celle de la peinture religieuse de la Renaissance.
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L’œuvre intime de Marisa Merz
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°777 du 1 juillet 2024, avec le titre suivant : L’œuvre intime de Marisa Merz