Quelque chose d’un vitalisme fécond est à l’œuvre dans la peinture de Shirley Jaffe qui fait la singularité et la marque de son style.
Née il y a 85 ans dans le New Jersey, installée en France depuis près de soixante ans, elle s’est très tôt échappée des rangs de l’expressionnisme abstrait pour développer un art fait d’aplats colorés dont le maître mot est celui de « composition ». Dans cette façon où Kandinsky lui accordait une totale primauté et où les papiers découpés de Matisse en sont une illustration majeure.
Constituées sur le mode tant du patchwork que du puzzle, les peintures de Shirley Jaffe affirment le plan de la toile tout en multipliant paradoxalement les jeux d’espace qu’orchestre l’enchevêtrement des formes en surface. D’autant que l’artiste use d’une palette aux tons vifs et contrastés qui accentuent les différenciations formelles et déclinent toutes sortes d’effets de dissonance, d’équilibre et de masse.
Si aucune charge symbolique ne gouverne l’œuvre de Shirley Jaffe, sinon celle des qualités plastiques propres à la peinture, c’est que l’unique soin du peintre est de créer un « milieu complexe » qui participe à dessiller notre regard. Un milieu complexe et sensible qui en appelle volontiers au décoratif quand ce mot renvoie à une pensée originelle de la peinture. Parce que l’art de Jaffe est une invitation à voir les rapports d’ordre et de chaos, de vide et de plein, de tension et de douceur qui existent entre les choses, il fait œuvre de salubrité visuelle.
– Frac Auvergne, écuries de Chazerat, 4, rue de l’Oratoire, Clermont-Ferrand (63), tél. 04 73 31 85 00, jusqu’au 25 mai.
– Centre d’art contemporain de Kerguéhennec, Bignan (56), tél. 02 97 60 44 44, juin-août 2008.
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L’œuvre de salubrité visuelle de Jaffe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°602 du 1 mai 2008, avec le titre suivant : L’œuvre de salubrité visuelle de Jaffe