LAUSANNE / SUISSE
Le principe de Liu Bolin de confondre sa silhouette à un paysage ou à une situation a fait sa renommée, devenant une signature prisée que les campagnes photo pour Ruinart ou Moncler commandées par les magazines de mode déclinent au point d’anéantir les raisons et le contenu de l’œuvre pour n’en retenir que l’aspect ludique du mode opératoire.
Le choix de Marc Donnadieu de ne se focaliser que sur sa production artistique réalisée en Chine et de contextualiser systématiquement chaque photographie revient aux fondamentaux. Pour ce faire, le conservateur en chef du musée a replongé dans les archives du photographe performeur. Seules deux pièces de la production sculpturale de l’artiste ont été retenues, sachant qu’en Chine Liu Bolin est davantage connu pour ses sculptures et ses dessins que pour ses photographies. Le récit non chronologique mais par thème éclaire d’une analyse fine sa critique de l’impact sociétal et environnemental des décisions du régime. Se distinguent également les différentes reformulations du procédé depuis ses deux premières photographies, réalisées en 2005 devant son atelier détruit par les autorités chinoises en vue des grands travaux pour l’accueil à Pékin des Jeux olympiques. Le panorama dressé jusqu’à sa dernière réalisation pour la série Hiding in the City, un mur d’écrans d’ordinateurs en attente d’être recyclés, redonne ainsi un sens à l’impact visuel de ces images grands formats tout en dressant en creux ce qu’est être un artiste engagé en Chine.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Liu Bolin, retour aux sources