Les tableaux de Lisa Milroy exercent un étrange pouvoir sur les spectateurs. Invariablement, ceux-ci ressortent de chacune des expositions de cette jeune canadienne avec la curieuse impression d’avoir assisté à quelque tour de passe-passe. Nous sommes bien là face à une peinture, figurative de surcroît, mais son sujet, sa matière semblent échapper à toute logique. Ses premières toiles proposent des inventaires d’objets (des roues, des papillons, des fragments de vases grecs, des disques, des plats), puis des séries de motifs décoratifs répétés à l’infini (papiers peints) ou des motifs floraux. Présentées comme de véritables inventaires, ces œuvres n’en possèdent pourtant pas les qualités. La matière, le rendu pictural, omniprésents dans ces épaisses couches juxtaposées, n’ont pas cette objectivité neutre propre à un document. Nous sommes bien face à une toile où l’artiste s’interroge sur l’acte de peindre. Variation, repentir, écart d’un motif à l’autre constitueraient donc les sujets principaux de ces séries. Hélas, l’insistance de l’artiste pour certains motifs nous prouve bien qu’il s’agit là d’une démarche qui réfléchit à la fois sur le monde qui nous entoure mais aussi sur la façon dont la peinture peut, en ce début de millénaire, attester de ce réel. L’absence de tout être humain est à cet égard symptomatique, comme si la peinture ne pouvait témoigner que de choses à la fois éternelles et éphémères : les objets issus de notre société de consommation.
LIVERPOOL, Tate Gallery, 19 janvier-18 mars.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Lisa Milroy : inventaires d’objets
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Lisa Milroy : inventaires d’objets