Il y a un an, disparaissait, à l’âge de 87 ans, le designer italien Alessandro Mendini. On le sait peu, mais l’homme est aussi l’architecte en chef du fameux Groninger Museum, à Groningue, projet qu’il a tenu à concevoir à plusieurs mains.
Outre sa propre aile, bariolée à souhait, Mendini avait ansi convié à construire trois autres pointures : le cabinet d’architecture Coop Himmelb(l)au et les designers Philippe Starck et Michele De Lucchi. Avant la disparition du maestro, ladite institution, qui fête aujourd’hui ses 25 ans, avait déjà prévu de l’honorer à travers une rétrospective entièrement imaginée par Mendini lui-même, depuis le choix des œuvres jusqu’à la scénographie. Celle-ci réunit dans un parcours ni chronologique ni thématique quelque 200 pièces : 170 créations du designer, plus une trentaine d’œuvres d’art qui l’ont inspiré. Ainsi le visiteur découvrira-t-il aussi bien les premières créations tendance Radical Design, telle la chaise Scivolavo (1973) à l’assise proprement inutilisable, ses pieds arborant des longueurs inégales, le divan Kandinsky influencé par l’œuvre du peintre éponyme ou l’inoubliable Fauteuil de Proust habillé d’un fameux « motif pointilliste » ; que des œuvres d’artistes reconnus tels l’Italien Maurizio Cattelan ou l’Américain Peter Halley, voire des grands maîtres de l’avant-garde comme Fortunato Depero, Theo Van Doesburg et Oskar Schlemmer. « L’exposition n’est pas organisée autour de ce que ma personnalité a donné à la culture du design, mais, au contraire, de combien j’ai absorbé de courants culturels et rencontré de maestri tout au long de ma carrière », avait à l’époque souligné Alessandro Mendini. Une humilité rare.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : L’irrévérence mobilière de Mendini