L’Irrésolue : une sublimation de l’indicible

Faite d’échos et de résonances, l’exposition révèle et sublime le « potentiel énigmatique et fictionnel » des œuvres, faisant de l’incertitude et de l’impénétrable des qualités indéniables. Les peintures abstraites d’Éléonore Cheneau (née en 1972), teintées de mystère par leur indéfinition, nous accueillent dans l’espace et ponctuent ensuite l’exposition. Camille Brée (1992) intervient, quant à elle directement avec le lieu en venant découper des cloisons et nous inviter, grâce à une lumière rouge se diffusant à travers l’ouverture, à regarder à un derrière habituellement inaccessible. Dans l’espace central, ces œuvres dialoguent avec les Words of Fire de Céline Vaché-Olivieri (née en 1978), des fragments de textes sur céramique, et l’installation de Nadia Belerique (née en 1982), qui se déploie au sol avec des minuscules « maisons-pièges », associant du mobilier miniature à des pièges à souris et sur les murs vitrés avec des voilages qui s’agitent au rythme du fonctionnement discontinu des ventilateurs installés au plafond. Cette installation fait écho à la dernière salle de l’exposition, qui présente une série de photographies et un film de Joanna Piotrowska (née en 1985), en ce que ces deux artistes interrogent notre manière d’être au monde, notre capacité à réagir et à faire face aux normes sociétales – les comportements attendus tout autant que les conditionnements de nos perceptions, nos désirs et notre réalité. En laissant planer le doute et en accentuant l’ambiguïté des œuvres présentées, tout en renforçant leur puissance évocatoire par leur association, cette exposition atteint son but, à savoir celui de « dessiner les contours flottants d’une figure insaisissable qui, aussi réservée et pensive soit-elle, résiste ».