L’ironique mélancolie de David Claerbout

Ses œuvres convoquent l’histoire de l’art (et particulièrement la peinture), la narration propre au cinéma et, enfin, la question du temps et de la présence de la lumière. Alliée à une parfaite maîtrise des techniques numériques, la richesse de son propos en fait l’un des artistes majeurs de cette dernière décennie, exposé dans le monde entier et montré pour la dernière fois en France en 2008 au Centre Pompidou. Le découvrir à travers l’exposition que lui consacre le Frac Auvergne est une aubaine rare : sept vidéos et une photo sont rassemblées selon un parcours et une scénographie impeccables qui permettent d’apprécier la subtilité et la force de Claerbout. Comme dans Oil Workers, plan fixe reconstitué d’après une image trouvée sur Internet et qui met en scène des travailleurs nigérians d’une compagnie pétrolière abrités le temps d’un orage. Image banale, portrait de groupe à la fois véridique et totalement truqué pour les besoins de l’œuvre : une vidéo qui introduit le mouvement dans un plan fixe avant de s’abîmer dans la contemplation de la surface d’une eau que l’on croirait sortie d’une peinture à l’huile (oil). Ou dans Riverside, l’avancée symétrique sur deux écrans de deux promeneurs qui ne convergeront jamais. Car David Claerbout aime bien nous balader un peu aussi ; mais son ironie n’empêche pas l’émotion, ni la mélancolie.