PARIS
Qui est-il, ce chevalier qui s’avance sous le soleil du champ de bataille ? La Renaissance atteint alors son apogée en Occident. Ce haut personnage bien différent des chevaliers occidentaux monte un pur-sang nerveux. Cet homme, c’est le chevalier des pays d’Islam qui revit dans la collection Furûsiyya exposée à l’Institut du monde arabe. On y découvre tout ce qui touche aux arts équestres de l’islam pendant dix siècles, du viiie au xviiie. Chroniqueurs et ambassadeurs aux environs de l’an mille ont dit leur émerveillement devant la magnificence de la cour de Bagdad et la majesté du souverain.
Ce cavalier princier est revêtu d’un luxueux équipement qui, tout en le protégeant, vise à le rendre étincelant. N’est-il pas le champion de la civilisation islamique qui assimile Dieu à la lumière ? Les différentes parties de son armure – corselet, couvre-abdomen, brassards et gantelets, couvre-genoux et jambières – sont en acier. Mais parfois un disque pectoral figurant le soleil ou des incrustations d’or et d’argent scintillent dans la lumière. Même la cotte de maille, sous l’armure, peut jouer sur les couleurs, alternant acier gris, laiton jaune, cuivre rouge.
Du laiton jaune encore pour ce masque brillant au soleil qui rend toujours plus irréel l’homme qu’il dissimule. Le cheval lui-même est richement caparaçonné. Mais tout est conçu pour préserver la légèreté et la maniabilité qui favorisent les combattants orientaux face à leurs lourds adversaires occidentaux.
Le luxe des armes répond à celui des cuirasses. Les poignards font office de joyaux masculins. Les lames, toujours élégantes de forme, souvent damasquinées d’or, portent un décor de plus en plus raffiné. De Turquie, vers 1600, voici un poignard, œuvre probable de Mehmet ibn’Imad. Poignée et fourreau alignent de gros rubis sur fond d’or. Au nord de l’Inde au XVIIe siècle, on préfère un décor floral, tout se dessine en pierres précieuses sur fond de jade pour un poignard tandis que, sur une bague d’archer, une fleur en émeraude s’étale sur un jade laiteux.
Toujours en Inde, au xviiie, les artistes mogols n’hésitent pas à sculpter des têtes d’animaux faisant office de pommeaux. Une tête de bélier aux yeux sertis de rubis allie un extrême réalisme à une délicatesse surprenante sur une arme de mort.
« Furûsiyya, chevaliers en pays d’Islam », Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris Ve, tél. 01 40 51 38 38, jusqu’au 21 octobre 2007.
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L’Institut du monde arabe fait revivre les chevaliers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : L’Institut du monde arabe fait revivre les chevaliers