Une rue de New York. La silhouette d’un homme coiffé d’un bonnet noir se mêle à la foule, accompagne ses mouvements, la photographie avec une agilité étonnante.
Joel Meyerowitz explique que son secret est de se rendre invisible afin que la photo rende visibles ces instantanés de vie apportés par le hasard et que les autres autour de lui ne perçoivent pas. Suivre le courant de l’existence, en « capturer les interactions », combiner ses éléments, voilà sa règle d’or. Muni de ces principes, il tire de la banalité quotidienne sa beauté ignorée, c’est-à-dire la célébration d’une réalité transcendée par l’acuité de son regard. Sa rencontre avec Robert Frank en 1962 est le déclic qui le propulse dans une carrière vite internationale. Pendant une dizaine d’années, il a préféré le noir et blanc. À partir de 1970, il élit définitivement la couleur. Depuis cinquante ans, la rue, les plages, les places sont ses royaumes.
Son objectif s’approprie l’espace, le découpe, fait converger les lignes qui le structurent vers l’essentiel, donne à chaque sujet son identité propre. La photo intitulée Longchamp (1967) est à cet égard révélatrice. L’escalier ordinaire se change en scène de théâtre.
Cette rétrospective sur ses cinquante années de travail propose parmi d’autres rencontres des confrontations entre le monde méditerranéen et l’univers américain. La route allant vers Roussillon conduit aux cottages de Roseville. Deux tirages confirment sa capacité à saisir la poésie ou le drame de l’instant. Ici, sous le ciel bleu de Provence un pied de vigne pousse ses feuilles de printemps. Là, dans la nuit noire, s’amassent les restes calcinés des tours du WTC.
Joel Meyerowitz a publié plusieurs ouvrages dont le célèbre Cape Light. Il a reçu de nombreux prix. Témoins du drame de Ground Zero, ses milliers de clichés sont archivés au Mémorial du 11 Septembre. S’il a des héritiers, il reste le maître. Cette exposition montée dans le cadre de Photomed le prouve.
« Joel Meyerowitz, Festival Photomed », Hôtel des Arts, 236, boulevard du Maréchal-Leclerc, Toulon (83), www.hdatoulon.fr
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L’instant pour objectif
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : L’instant pour objectif