Le Musée Guimet dispose de très beaux fonds de photographies du XIXe siècle auxquels l’établissement consacre régulièrement une exposition.
Après la Birmanie en 2017, c’est au tour de l’Inde de livrer une petite centaine d’épreuves sur papier albuminé, pour la plupart jamais montrées. Leurs signataires sont en grande majorité des photographes britanniques pionniers en leur domaine, au premier rang desquels Samuel Bourne (1834-1912), l’officier Linnaeus Tripe (1822-1902) et les studios Baker & Burke ou Bourne & Shepherd aux activités florissant en même temps que l’Empire britannique. Temples, sanctuaires, divinités, villes sacrées ou royales et palais dont le Taj Mahal sont leurs sujets de prédilection. Pour Linnaeus Tripe, il s’agit « d’enregistrer des bâtiments, des sculptures, des inscriptions avant qu’ils ne disparaissent, y compris le pittoresque ». Les maharajahs entourés de leur cour posent pour eux, voire pour le photographe indien Lala Deen Dayal (1844-1905). Les différentes expéditions menées au Cachemire auxquelles participe Samuel Bourne délivrent des paysages grandioses. Une iconographie se construit : paysages, villes et sites sont dépourvus de silhouettes humaines et les rives du Gange à Bénarès. Delhi, photographiée en 1857 par l’Italien Felice Beato, n’est encore qu’un habitat dispersé au bord du fleuve Yamuna. Le parcours bénéficie d’un découpage clair par ville, site ou région systématiquement situés sur une carte de l’Inde. Seules font défaut les biographies pour chaque photographe ou studio ayant signé ces images comme celle de Lala Deen Dayal, photographe pourtant pionnier dans son pays.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : L’Inde des pionniers de la photographie