L’importance de nos appartenances

L’origine de la photographe, née en Palestine en 1970, n’est évidemment pas étrangère à cet intérêt constant pour le sujet. À la faveur de la restitution de son travail en résidence chez Luma Arles, la fondation lui consacre une monographie conséquente, dix ans après celle du Jeu de paume. On n’y retrouve toutefois pas la série Death Palestine (2011-2012) qui porte sur la représentation des martyrs dans l’enclave de Naplouse et dans les camps de réfugiés alentour, qui avait suscité à l’époque une violente polémique. Les séries sélectionnées ici font écho au travail –intitulé Belonging (Appartenir) – qu’elle a mené pendant six mois sur les différentes communautés de l’agglomération arlésienne. Des Harkis à l’association Reneissènço, consacrée à la tradition provençale, le spectre est large. Pour chacune d’entre elles, elle met en valeur ce qu’induit la notion d’appartenance. Photographies et textes s’inscrivent dans la veine documentaire et s’appuient sur un travail d’enquête et d’immersion sur le terrain. Six mois, toutefois, c’est un temps bien court pour brosser le portrait d’une agglomération. Ce travail s’avère néanmoins riche en informations si l’on prend le temps de lire tous les textes. Une lecture nécessaire pour en saisir quelques traits, mais aussi pour comprendre les résonances avec les autres séries exposées, à l’instar de Market réalisée à Turin en 2005 sur l’économie souterraine mise en place par les migrants, ou Occupation, constituée en 2016 et 2017, et relative à l’implantation de colons auprès des habitants de la ville d’Al-Khalil (Hébron).