RIOM
À l’heure où les images peuvent encore faire tuer leurs auteurs (le massacre de Charlie Hebdo) et qu’elles défilent tous azimuts via Internet et les chaînes d’info continue, le Musée Mandet, en partenariat avec le Frac Auvergne, offre, avec « Les images sont inadmissibles », une exposition collective invitant à une rencontre entre arts ancien et contemporain afin de questionner les différents statuts de l’image.
À travers l’histoire de l’humanité, l’image, qu’elle soit sacrée ou profane, peut être sujette à caution parce que séduisante, mensongère, manipulée, manquante, détournée, caviardée, voire censurée. Et l’image peut s’avérer inadmissible, car elle oscille entre la réalité, le « Ça a été » barthésien et « une » réalité, celle du regardeur qui achève l’œuvre en fonction de déterminismes sociaux (sociétaux, familiaux, culturels, etc.). Proposant neuf sections distinctes, allant du thème de Narcisse à celui de la maternité via les portraits, les scènes de guerre et l’image du sacré, le parcours, conçu par trois commissaires des plus inspirés (Jean-Paul Dupuy, Laure-Élie Rodrigues et Jean-Charles Vergne), déploie brillamment leurs interrogations, toutes pertinentes, sur l’image, son histoire ainsi que sur sa réception. En multipliant les dialogues féconds entre des œuvres classiques issues du Musée Mandet et des pièces subtiles de plasticiens actuels talentueux (Dove Allouche, Éric Baudelaire, Denis Laget, Elly Strik, Jérôme Zonder…), le circuit rappelle avec finesse que, si l’image peut être trompeuse, elle est aussi bien souvent, comme le note Jean-Paul Dupuy dans la brochure pédagogique d’accompagnement, la pierre sur laquelle aiguiser notre conscience du monde.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : L’image, entre vérités et mensonges