Ce n’est pas la première rétrospective de son travail que Martin Parr produit avec Magnum. Toutefois, on ne boude pas son plaisir devant ce nouvel opus qu’offre le Frac Bretagne, première étape d’une itinérance internationale programmée sur cinq ans.
Au contraire, les beaux volumes du bâtiment et l’accrochage d’Étienne Bernard, le directeur du lieu, offrent une lecture tonique et instructive de l’œuvre. Les deux premières salles disjointes du parcours, qui se poursuit au niveau supérieur, forment à cet égard un préambule percutant dans ce qui fait la spécificité du regard du photographe anglais. Le passage sans transition, d’une salle à une autre, du noir et blanc classique des premières séries documentaires sur ses concitoyens aux deux cents gros plans crus et aux couleurs vives de Common Sense sur le consumérisme, pose autant sa vision acérée sur le sujet que le basculement esthétique rapide de son approche. La suite, répartie entre grands classiques et séries récentes, dresse un portrait mordant de l’Angleterre depuis les années Thatcher avant de s’attaquer au consumérisme tant alimentaire et touristique que culturel. Les codes et les comportements sociaux en disent long sur une époque. Martin Parr les recense au fur et à mesure de ses voyages ou commandes avec l’humour si british qui sied si bien à son travail. Certains travaux s’inscrivent d’ailleurs dans la durée commeEverybody Dance Now qui conclut le parcours, florilège de situations qui voient des gens danser, entamé en 1986 dans le monde.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°737 du 1 octobre 2020, avec le titre suivant : L’humour so british de Martin Parr
