Le tableau est l’une des pièces maîtresses des collections du musée des Beaux-Arts de Montréal. Et pourtant, le Québec a failli le laisser partir.
Peint en 1925, le portrait de l’avocat Hugo Simons, avec sa gestuelle qui campe l’éloquence du personnage, est un témoignage de remerciement de Dix à celui qui l’a défendu contre un client indélicat, peu satisfait de l’image de sa fille représentée par l’artiste. Grâce à Simons, Dix sera relaxé au nom de la liberté artistique. Suivra une longue amitié entre les deux hommes. Victime des lois antisémites, Simons est radié du barreau puis déchu de sa nationalité, avant de se décider à fuir l’Allemagne avec sa famille. N’emportant qu’une chose, son portrait. Émigré au Canada, d’où il continuera, après la guerre, à correspondre avec Dix, Simons conservera l’œuvre jusqu’à la fin de sa vie, en 1958, accrochée en face de son lit. La mobilisation de 700 000 dollars Redécouvert lors de la grande exposition de Stuttgart, Berlin et Londres organisée à l’occasion du centenaire de Dix, en 1991, le tableau est alors l’objet de toutes les convoitises. Les trois enfants de Simons proposent au musée des Beaux-Arts de Montréal de l’acheter, en remerciement de l’accueil offert par le Canada à leur famille. Mais le gouvernement fédéral refuse d’accorder toute subvention, alors que le collectionneur Serge Sabarsky propose 1,4 million de dollars pour l’emporter. Après une mobilisation de l’opinion publique, le gouvernement cède et, grâce à une levée de fonds exceptionnelle, l’œuvre est acquise en 1993 pour 700 000 dollars. Elle justifie à elle seule la grande exposition Dix que présente aujourd’hui le musée de Montréal.
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L’histoire d’un chef-d’œuvre que Montréal faillit perdre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°630 du 1 décembre 2010, avec le titre suivant : L’histoire d’un chef-d’œuvre que Montréal faillit perdre