L’exposition comme laboratoire

À l’instar de leurs prestigieux aînés (Léonard de Vinci, Goethe, Duchamp…), une vingtaine de plasticiens actuels, dont Olafur Eliasson et Fischli & Weiss, s’emparent de la notion d’expérience pour élaborer des créations artistiques qui dialoguent avec la recherche scientifique afin de comprendre le monde qui nous entoure. Divisée en cinq sections (« Invitation à l’expérience », « Formes déployées », « Jeux d’optique », « Manifestations de l’invisible », « Figures acoustiques »), cette exposition collective, qui se déploie dans un espace restreint (500 m2), ouvre pourtant des perspectives infinies entre art et technique. D’une part, les analogies formelles sont fascinantes entre objets de laboratoire et œuvres d’art ; difficile de ne pas voir dans des tableaux d’optique (1883) de préparateurs de l’École polytechnique des compositions géométriques à la Delaunay ou Vasarely. D’autre part, certaines pièces mécaniques et cinétiques d’artistes, telles que le vortex sous forme de mini studio d’effets spéciaux de Bertrand Lamarche et le bricolage élevé au rang d’art de Csörgõ, explorent tellement loin les territoires contigus de l’art et de la science qu’elles parviennent à transformer cette exposition en une « performance globale » jubilatoire (dixit Yves Winkin, directeur du musée) invitant à décloisonner les savoirs pour, quel que soit son profil, se montrer inventif.