Entre peinture et photographie, la Fondation Gulbenkian revient sur la figure
relativement méconnue d’Ângelo de Sousa, décédé il y a quelques années.
PARIS - Elle est installée dès avant l’entrée, sur le palier de l’escalier de la Fondation Calouste-Gulbenkian, à Paris, qui donne accès aux salles d’exposition : une position stratégique pour une œuvre qui ne l’est pas moins ! Se donne à voir sur grand écran, lentement, le déroulé d’une centaine d’images aux relents un peu New Age, des zones colorées par des teintes ni vraiment chaudes, ni vraiment toniques, ni neutres non plus, avec des dominantes de bleu, de vert, de mauve et un peu de jaune aussi. Des couleurs contenues dans des formes géométriques, triangle ou rectangle. Travail de variation sur la couleur et la lumière, ces Diapositives de chevalet (1978-1979) étaient pour Ângelo de Sousa (1938-2011) des peintures de l’ordre du possible ; imaginaires dans le sens où elles n’ont jamais été exécutées sur toile, ont pris la forme de photographies et sont finalement devenues des projections.
Impressions d’éternité
Peinture et photographie ici synthétisées sont les deux principaux médiums par lesquels s’est exprimé Ângelo de Sousa, même s’il a regardé du côté de la sculpture et du film. C’est donc essentiellement ces deux domaines que le commissaire de l’exposition Jacinto Lageira a mis en valeur dans l’œuvre touffue de l’artiste portugais.
Pas inintéressante ni de mauvaise qualité, la photographie dès la fin des années 1960 laisse déjà place au sensible, à l’indicible parfois, voire s’attache à des riens comme lorsque est photographié un cheveu, qui vit sa vie sur un fond blanc (Cheveu, 2000). Chez de Sousa la contemplation est essentielle, la sienne et celle du regardeur, trahissant quelque chose de l’ordre de la révélation qui progressivement devrait émerger de l’image ; c’est l’impression produite par la série intitulée Épiphanie (1967-1998), qui donne à voir des animaux morts dans des situations paradoxales.
La grande diversité de l’œuvre, en même temps que l’atmosphère singulière qu’elle dégage, installe un sentiment d’étrangeté. Or cette sensation d’une temporalité trouble, indéfinie, est bien ce qui émane de sa peinture, et tout particulièrement de ses toiles des années 1980 à la monochromie imparfaite ; un frottage de la toile allié à une subtile modification de la teinte empêche en effet toute forme d’unité, d’autant que la surface semble parfois divisée par un fil irrégulier qui la parcourt. Avec, là encore, une importance donnée à la lumière dans la définition de la peinture, qui cette fois n’est pas imaginaire.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’étrange Monsieur de Sousa
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 16 avril, Fondation Calouste-Gulbenkian, 39, boulevard de la Tour-Maubourg, 75007 Paris, tél. 01 53 85 93 93, www.gulbenkian-paris.org, tlj sauf mardi 9h-18h, samedi-dimanche 11h-18h, entrée libre. Catalogue, éd. Fondation Gulbenkian, 180 p., 25 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°475 du 17 mars 2017, avec le titre suivant : L’étrange Monsieur de Sousa