Depuis des années le Musée d’Ethnographie de Genève n’en finit pas d’agoniser : locaux inadéquats, objets irrémédiablement dégradés faute de financements, expositions indigentes tant les moyens font défaut, public réduit à une proportion congrue face à ce désastre. Aussi faut-il saluer l’équipe du Musée Rath qui a accepté d’accueillir pour quelques mois « Le monde et son double », exposition qui présente les trésors de cette institution en perdition. La manifestation repose sur une double volonté. La première consiste à montrer les trésors qui depuis si longtemps demeurent dans les réserves. Que retenir parmi cette multitude de pièces disparates ? Sans doute cet ensemble de statuettes de terre cuite représentant les métiers et ethnies de l’Inde avec leurs costumes, ces exemples uniques de statuaire africaine, ce sac en peau de poisson d’Alaska, cette série de poteries chinoises dont on ne connaît nul autre exemple au monde. Enfin, la collection de vannerie démontre que cet art considéré à tort comme mineur permet un foisonnement de formes, de couleurs, de matériaux, de techniques avec ses masques, ses boucliers, ses nasses, ses tamis et même ses instruments de musique. La seconde raison de cette exposition repose sur l’avenir incertain de ce musée d’ethnographie. Prochainement, les élus genevois doivent en effet voter le budget pour la construction d’un nouveau lieu pour ces collections. L’actuelle exposition sert aussi de prétexte pour convaincre les politiques récalcitrants en exerçant une pression efficace auprès de la population sur cette situation catastrophique. En témoignent à l’entrée deux copies de grands totems d’Alaska aujourd’hui définitivement remisés faute de soin.
GENÈVE, Musée Rath, jusqu’au 23 juillet, cat. éd. Adam Biro.
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L’ethnographie face au désastre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°515 du 1 avril 2000, avec le titre suivant : L’ethnographie face au désastre