GRENOBLE
« Collectionner reste un merveilleux mode de vie, hors du monde réel. C’est une passionnante et douce thérapie qui nous permet de nous constituer un goût, et peu importe qu’il soit bon ou mauvais car il n’engage que nous. »
Ces mots d’Antoine de Galbert résonnent comme une confession tout autant lacanienne que chrétienne orthodoxe : le « réel » est irreprésentable, irrémédiablement incirconscriptible. Pour survivre, « pour [l]’aider à comprendre la vie », il a accumulé ce qui, à ses yeux, donne un sens à l’existence : les créations des artistes, sans autre valeur d’usage que leur portée symbolique. Évoquant le titre (« Souvenirs de voyage ») donné à cette vaste exposition – plus de cent artistes sont présents ! –, le collectionneur poursuit : « On ne ramène de nos voyages, qui nous rendent moins bêtes, que ce que l’on mérite. On n’est rien du tout. » Ses coups de cœur choisis avec amour en écho avec ses rêves, ses peurs et ses fantasmes font peu de cas des modes et des hiérarchies économiques et culturelles. Seule une passion libre est active. Avec de vraies et belles surprises, telles cette effigie funéraire dite Rambaramp provenant de l’archipel du Vanuatu, une photographie de Mari Katayama (née en 1987 à Saïtama, Japon), ou une incroyable grande peinture de Philippe Vandenberg (né en 1952 à Gand, décédé en 2009 à Bruxelles). Nous avons vivement regretté la fermeture de La Maison rouge à Paris à la fin de l’année 2018, son esprit souffle à Grenoble…
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : L’esprit de La Maison rouge à Grenoble