Les xylo-sculptures de Dominique Bailly

Baselitz déclarait aimer sculpter le bois pour son caractère brut, évitant ainsi « toute forme d’adresse, toute élégance artistique manuelle ». Brancusi en faisait un de ses matériaux privilégiés, schèmes de sculptures réalisées par la suite en bronze, cuivre, marbre ou acier. Aujourd’hui de nombreux artistes continuent d’expérimenter ce matériau traditionnel et vivant. Dominique Bailly en fait partie. Amoureuse depuis 1974 de la forêt de Quénécan en Bretagne, elle y installe son atelier. En 1987, la tempête d’octobre essaime sur son passage un vent de désolation : arbres centenaires déracinés, dépouilles végétales déchiquetées, troncs tordus sculptés par la violence de la nature. Il s’agit là pour le sculpteur d’une véritable révélation. C’est cette chair vivante, souffrante qu’elle désire travailler. Sa démarche suit désormais deux voies parallèles, l’intervention directe sur la nature et la réalisation de sculptures en atelier. Tronçons de chêne aux veines apparentes, formes elliptiques en hêtre, sphère de séquoia d’un mètre de diamètre aux subtiles nuances peuplent sa création. L’artiste orchestre la nature, créant une œuvre dont la présence force le respect. Intervenant directement sur le milieu naturel, elle crée également des architectures végétales. Des événements, des installations sculptent l’espace. En 1990, elle suspend dans une salle de la tour du centre d’art de Vassivière, une sphère de branchages de trois mètres de diamètre ; l’année suivante, la tour de Oingt du Centre culturel de Villefranche est le théâtre d’une véritable mise en scène, rythmée par une bande-son, où spirale de pierres, vague de terre et colonne de ceps tiennent les premiers rôles d’une importante installation. La Galerie municipale de Vitry sur Seine nous invite à partager la quête de cette artiste partie à la recherche de l’âme du bois.