Les voyages de Marc Riboud

Le legs entériné après son décès, en 2016, donne lieu aujourd’hui à une rétrospective chronologique de grande ampleur par la période couverte, des premières photographies réalisées au début des années 1940 à Lyon, sa ville natale, aux dernières, réalisées à Shanghai en 2002. Beaucoup de photographies, donc, mais un manque de contextualisation et de repères assez déroutant pour la période des débuts, comparé à ce qui suit. Rien par exemple à propos du contexte familial, ni sur le célèbre portrait du peintre en équilibre sur la tour Eiffel – qui lui valut sa première publication, qui plus est dans Life –, ni sur son admission chez Magnum. Le rouge des murs, choisi pour distinguer les débuts et les premiers voyages, trop rude dans sa teinte, n’aide guère de son côté à la lecture. Reste le regard de Marc Riboud. De Churchillà LaJeune Fille à la fleur, l’humain domine dans ses diverses dimensions. La diversité de l’œuvre est vertigineuse. Ce qu’elle raconte de la Chine populaire, de la guerre du Vietnam, des femmes japonaises, mais aussi de l’Algérie, de l’Afrique au moment de l’indépendance, de la contestation aux États-Unis ou de la séduction castriste à Cuba, retient par sa manière d’appréhender les êtres, le quotidien et l’actualité. Pour ce faire, Marc Riboud fut toute sa vie un grand voyageur soucieux de mener ses séjours comme il le souhaitait, sans la contrainte du temps ni de la commande.