Une sourde angoisse suinte des œuvres d’Anselm Kiefer. Cet artiste allemand a le don de créer des œuvres qui interrogent d’une façon particulière et précise notre histoire, notre mémoire. Nul visiteur ne peut ressortir indemne de cette vision. Chez Anselm Kiefer, aucune rédemption n’est possible. Que ce soit dans ses dizaines de livres-objets ou même ses gigantesques peintures, il utilise systématiquement des matériaux symboliquement chargés : herbes séchées, charbon, métal, fusain, morceaux de miroirs ou de pierre. Longtemps, Kiefer s’est interrogé sur la possibilité de faire de l’art après Auschwitz, après que la bête immonde se soit faite allemande. Pourtant, avec cette exposition, il est possible de déceler pour la première fois une once d’ironie dans ses peintures. A la suite d’un voyage en Chine (1998), il s’est en effet passionné pour les monumentales sculptures de Mao présentes dans l’ensemble du pays. « Je le perçois comme une icône, une icône vide ». A partir de cette figure impassible qui regarde l’horizon en levant le bras, l’artiste s’est amusé à produire quelques toiles gigantesques, associant ce symbole communiste à des paysages. Chacune des œuvres oscille dès lors entre une dénonciation d’un système totalitaire et une sorte de jeu formel entre une figure hiératique et la puissance figurative d’un paysage à peine ébauché.
- HUMLEBAEK, Louisana Museum of Modern Art, GI Strandvej 13, tél. 49 19 07 19, 15 juin-23 septembre.
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Les visions angoissées d’Anselm Kiefer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°528 du 1 juillet 2001, avec le titre suivant : Les visions angoissées d’Anselm Kiefer