Les vélos de Robert Doisneau

Mais l’angle choisi, le vélo, n’avait jamais été exploré jusqu’à présent. Dans les archives du photographe, gérées par ses filles, on ne retrouve pas davantage de rubrique qui lui soit consacré car « il était un non-sujet pour notre père qui n’était pas un amateur de bicyclette », disent-elles. De l’idée de Vladimir Vasak, grand reporter sur Arte, de s’intéresser à la place du vélo dans l’œuvre, est née une recherche jamais entreprise sur soixante années de production photo, avec pour résultat une histoire de l’évolution de la place du vélo en France, de son âge d’or à son éviction au profit de la voiture, couplée à celle du regard d’un photographe, chroniqueur sans pareil de son temps. Beaucoup de photographies sont inédites (un tiers sur les 70 exposées), ou peu connues, dans le récit alerte que Sophie Boizard, responsable d’édition chez Glénat, a conçu. À l’heure du retour en force du vélo, ce retour sur images développé par thèmes ramène au temps où la petite reine faisait partie du quotidien des classes populaires. Déplacements en ville ou à la campagne, virées dominicales ou vacances, jeux d’enfants et courses cyclistes ou autres compétitions : toute une époque se raconte, jusqu’à ce que la voiture, à partir des années 1960, envahisse rues et routes et détrône la bicyclette. La période de la guerre et la Libération livrent d’autres scènes, et la partie consacrée au sport populaire que représenta le vélo révèle quatre photographies d’un cycliste sur la piste d’un vélodrome, prises vers 1938, dont l’épure rappelle que Doisneau ne fut pas qu’un photographe humaniste.