Figure de proue des Young British Artists, Marc Quinn manie aussi bien les codes de l’art que ceux de la communication.
Les Londoniens ont notamment encore en mémoire son œuvre People, le portrait hyperréaliste du mannequin Kate Moss en or massif estimé à plus d’un million de livres, et sa statue trash d’une jeune femme, handicapée et enceinte, dont l’installation à Trafalgar Square avait fait couler beaucoup d’encre. Malgré un goût certain pour l’irrévérence et la polémique, son œuvre ne saurait cependant se réduire à quelques coups d’éclat médiatiques. Au Musée océanographique de Monaco, il signe ainsi une exposition troublante dans laquelle il fend l’armure et dévoile des créations profondes et sensibles. Une soixantaine d’œuvres récentes y témoignent de sa fascination pour les origines de la vie et la mutabilité du corps et de son obsession pour la mort.
Dès le parvis du musée, le ton est donné avec Planet, un gigantesque bébé en bronze de six tonnes, semblant flotter dans les airs, qui confère d’emblée une dimension métaphysique à l’exposition. Le parcours se poursuit avec Evolution, un cycle de sculptures de fœtus à différents stades de la gestation, des pièces dont la taille incomplète dans le marbre crée une étrange parenté avec les fossiles marins conservés par l’institution monégasque. Cette traversée conceptuelle à travers les âges de la vie continue avec des pièces se rapportant à la maturité et à la transformation du corps, dont le saisissant Self. Cet autoportrait réalisé avec plusieurs litres du sang de l’artiste, coulés et congelés dans un moule modelé d’après son visage, constitue une œuvre dérangeante au pouvoir hypnotique.
Enfin, dans la salle de la Baleine, Marc Quinn nous fait pénétrer dans le royaume des morts. Lumière tamisée, squelettes en prière ou installés sur des bûchers alimentés au bioéthanol se mêlent de façon étonnante à des sculptures hyperréalistes, sortes de vanités de l’ère postmoderne, et à des animaux naturalisés et des ossements marins.
Musée océanographique de Monaco, avenue Saint-Martin, Monaco, www.oceano.org
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Les vanités postmodernes de Marc Quinn
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Les vanités postmodernes de Marc Quinn