L’été n’arrête pas les artistes, et les lieux de villégiature qu’ils se choisissent sont rarement anodins. Après divers séjours en Bretagne et en Normandie, Félix Vallotton, peintre d’origine suisse, reviendra chaque année, de 1909 à sa mort en 1925, occuper la Villa Beaulieu sur les hauteurs d’Equaumeville, près d’Honfleur. Et l’on quitte la simple anecdote : au contact de cette région aux aspects variés et au climat changeant, les scènes d’intérieur intimistes chères aux Nabis cèdent la place au « paysage composé », théorisé en 1918. Finie la peinture de paysage en plein air. Les motifs (barques et pêcheurs, scènes de bord de mer, chemins de campagne bordés d’arbres, variations atmosphériques) volés à la nature par des croquis sont ensuite « résumés, condensés, traités dans un esprit décoratif » selon un critique de l’époque, à l’écart de l’atelier où, dans une recherche de stylisation croissante, ils servent à véhiculer pensées, états d’âme et émotions. « Je rêve d’une peinture de paysage dégagée de tout aspect littéral de la nature ; je voudrais reconstituer des paysages avec le seul secours de l’émotion qu’ils m’ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails choisis sans souci d’exactitude, d’heure ou d’éclairage », d’où l’évacuation du pittoresque, la simplification des formes traitées en aplats colorés, les forts contrastes de luminosité et de couleurs pour une expression voulue toujours plus immédiate et synthétique.
HONFLEUR, Musée Eugène Boudin, jusqu’au 4 octobre, cat. éd. Anthèse, 96 p., 50 ill. couleur, 180 F.
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Les vacances de Monsieur Vallotton
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Les vacances de Monsieur Vallotton