Les totems hybrides de Marion Verboom

Trois de ces « achronies » ont été produites pour l’exposition à partir d’éléments ornementaux cueillis dans la ville de Bruxelles. Car Marion Verboom (née en 1983) est artiste, mais également archéologue ; elle se dit « bâtisseuse » et s’intéresse aux arts décoratifs et aux savoirs artisanaux, dont elle injecte les leçons dans son travail. Aux côtés de ses sculptures totémiques sont présentés des moules, tout droit sortis de son atelier, des contreformes qui donnent accès au processus de création de l’artiste et, en un sens, « révèlent l’intime » confie-t-elle. On comprend alors que ces œuvres sont autant de variations, uniques, réalisées à partir d’un alphabet de formes, de matériaux et de couleurs. Ici, les moules peuvent aussi servir de socles, comme c’est le cas pour une sculpture d’Henri Laurens datée de 1939. Ailleurs, ce sont des éléments de mobilier signés par le duo bruxellois touche—touche qui servent de support à la vaisselle en porcelaine de Chloé Vernerey ou à une sculpture de Marion Verboom. Car cette exposition inaugure la programmation de Joël Riff, arrivé en janvier dernier à la tête de la Verrière : un cycle de « solos augmentés », avec la volonté d’inscrire le travail de chaque artiste dans « une communauté de gestes et d’affinités créatives ». Si certains des artistes et artisans présentés en regard du travail de Marion Verboom ont été suggérés par l’artiste, comme Richard Deacon, son tuteur lorsqu’elle était étudiante aux Beaux-Arts de Paris, d’autres ont été suggérés par le commissaire. En résulte une exposition riche et généreuse, dans laquelle se ressent la décennie de complicité qui unit le commissaire et l’artiste.