Influencés par l’Angleterre et le Japon, les frères Herter ont créé, entre 1858 et 1883, un très rare mobilier américain en marqueterie, dont sept ensembles sont présentés au Metropolitan Museum, dans le cadre d’une exposition organisée conjointement avec le Houston Museum of Fine Arts.
NEW YORK - Révélation de l’exposition "Nineteenth-century America" (L’Amérique du XIXe siècle) qui marquait le centenaire du Metropolitan Museum en 1970 et sommet de l’exposition "Aesthetic Movement" en 1986, le mobilier des frères Herter est de retour au musée. Ces meubles doivent leur originalité à l’alliance d’un somptueux travail de marqueterie avec la sculpture, la teinture du bois et la dorure.
Les œuvres présentées couvrent les vingt-cinq ans d’existence de la maison Herter : de 1858, année où Gustave, le frère aîné, devint propriétaire de son propre atelier et décrocha la première des sept commandes autour desquelles s’articule l’exposition, à 1883, année où mourut Christian, le plus jeune, peu après avoir mis la dernière main à son chef-d’œuvre, l’ameublement et la décoration de la demeure de William H. Vanderbilt sur la Cinquième Avenue à New York.
L’œuvre accomplie par les deux frères dans le domaine de la décoration intérieure est comparable aux créations de Louis Tiffany’s Associated Artists ou de leurs principaux rivaux, Pottier and Stymus. Mais celles qui ont pu influencer les Herter ne sont pas toujours évidentes. Si le rôle du mouvement Arts and Crafts anglais est manifeste dans leur recours à des formes d’une grande simplicité, ces lignes simples sont souvent associées à une décoration complexe. C’est le cas par exemple de deux tables centrales d’inspiration "Eastlake", où les barreaux plats sont ornés d’un feuillage sculpté de style japonisant.
Les chefs-d’œuvre des frères Herter ont généralement été conçus dans le cadre de commandes portant sur une décoration d’ensemble. Tentures et plafonds luxueux allaient de pair avec des murs ornés d’incrustations ou de motifs sculptés.
Comment, dès lors, présenter un tel mobilier en dehors de son contexte décoratif ? À ce propos, outre la commande d’une extraordinaire table de bibliothèque à plateau incrusté de bronze et de nacre représentant avec exactitude la configuration astrologique du ciel à l’instant de sa naissance, on doit se féliciter de l’égocentrisme de William H. Vanderbilt qui avait fait établir un relevé complet de sa demeure : les quatre volumes de lithographies en couleurs présentés à l’exposition donnent une petite idée de l’émerveillement qu’un intérieur créé par la maison Herter devait provoquer.
"Herter Brothers : furniture and interiors for a gilded age", Metropolitan Museum, New York, jusqu’au 30 juillet.
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Les sept joyaux desfrères Herter
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Les sept joyaux desfrères Herter