Paul McCarthy est un artiste américain de 49 ans, déjà repéré pour ses polissonneries. C’est par lui que le scandale est arrivé à Angoulême, où son exposition, jugée pornographique par les élus, a été fermée, puis est restée interdite aux mineurs.
ANGOULÊME - Les objets du délit sont plus particulièrement deux sculptures : l’une représente un homme avec une grosse tête de lapin en peluche, et dont le sexe démesuré se perd en méandres à ses pieds, le tout sans aucun réalisme, usant tout au plus des formes inoffensives des jouets pour enfants premier âge. L’autre montre un homme, enfin un mannequin, actionné par un moteur, pantalon baissé, se masturbant sans répit contre le tronc d’un arbre.
Une affichette avait beau stipuler que l’exposition ne s’adressait qu’à un public averti, il y avait très logiquement de quoi émouvoir quelques âmes sensibles. La presse locale ayant attisé le "scandale", le public s’est précipité en nombre à l’hôtel Saint-Simon durant le week-end de "L’invitation au musée", pour laquelle le Frac Poitou-Charentes proposait des visites commentées. Plusieurs spectateurs sont rentrés déçus, trouvant que c’était là beaucoup de bruit pour rien, ou encore ne sont pas entrés du tout.
Était-il très judicieux, de la part d’un Frac, de jouer ouvertement la carte de la provocation, dans une région où son propre objectif pédagogique de faire connaître l’art contemporain est, semble-t-il, loin d’être accompli ? Un tel choix ne devait-il pas le desservir à un moment où il aurait mieux valu consolider les structures en région ? On peut encourager l’initiative d’une institution : il est aussi dans sa mission de présenter un travail dont la valeur est reconnue sur le plan international et qui n’a que très peu été montré en France. Mais encore fallait-il pouvoir éviter que le propos d’une telle exposition ne se dilue dans une polémique locale qui ne saurait que rester stérile.
"Paul Mc Carthy", Hôtel Saint-Simon, 15 rue de la Cloche Verte, 16000 Angoulême, tél. 45 92 87 01, jusqu’au 4 décembre, également aux Bain-douches, Espace départemental d’art contemporain, 4 rue de la Paix, 86300 Chauvigny, tél. 49 46 51 31, jusqu’au 4 décembre.
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Les secousses de McCarthy
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Les secousses de McCarthy