Céramiste de renommée internationale, né en 1964 à Nottingham (Royaume-Uni), Edmund de Waal expose pour la première fois en Suisse. Baptisée «Â Lettres de Londres », en référence à l’essai écrit par Voltaire à Ferney, près de Genève, cette exposition apparaît en très subtile harmonie avec le centre d’art qui l’accueille.
Exclusivement dédié à l’art contemporain, l’Espace Muraille a été ouvert en 2012 par un couple de collectionneurs, Caroline et Éric Freymond. Repensé et remodelé par l’agence d’architecture genevoise MVT, cet hôtel particulier du XVIIIe siècle s’est métamorphosé en un lieu comme habité par un souffle monacal. Seules les belles et simples pierres de taille ocre clair cernant les fenêtres et les portes ponctuent les espaces délimités par d’épais murs d’une blancheur immaculée. Les « silences rythmés » d’Edmund de Waal, constitués de volumes de petite taille disposés dans des boîtes en aluminium parfois fermées par une « vitre » en Plexiglas, semblent avoir été pensés pour ces lieux. Céramiste depuis son enfance – il réalise ses premières poteries à 5 ans – et écrivain reconnu – Le Lièvre aux yeux d’ambre (La mémoire retrouvée) publié en 2010 a été vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires et traduit en plus de vingt-cinq langues –, Edmund de Waal apparaît ici comme un très subtil poète des formes et des harmonies entre les formes. Dans chacune des quinze boîtes en aluminium, certaines de petite taille, d’autres plus volumineuses – Eisenach, 2013, mesure plus de quatre mètres de long –, l’artiste a disposé avec une fragile délicatesse des petites céramiques aux formes épurées et aux parois très minces. Parfois des volumes en plomb, de petites boîtes en fer, des blocs d’acier Corten ou de minces débris participent à ces harmonies. « Quand je fais quelque chose, je l’entends. » Mélomane, de Waal réalise des rythmes avec des objets en écoutant, entre autres compositeurs Steve Reich, John Adams ou Jean-Sébastien Bach. Telles des partitions musicales, ses espaces eurythmiques se dévoilent en de subtils accords de volumes, de teintes, d’ombres, de lumière, de modelé et de tensions formelles.
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Les rythmes silencieux d’Edmund de Waal
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°699 du 1 mars 2017, avec le titre suivant : Les rythmes silencieux d’Edmund de Waal