Art moderne

Céret (66)

Les rires de Max Jacob

Musée d’art moderne – Jusqu’au 1er décembre 2024

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 2 septembre 2024 - 370 mots

Xxe Siècle -  Il y a 80 ans, Max Jacob (1876-1944) mourait à Drancy, quelques jours après son arrestation par la Gestapo à Saint-Benoît-sur-Loire où le poète mystique vivait depuis 1936.

Au Musée de Céret, il semble pourtant intensément vivant. Un portrait du poète par Marie Laurencin ouvre l’exposition. Avec un air de masque africain, cet ami de Pablo Picasso qui figure dans les premières versions des Demoiselles d’Avignon toise le visiteur de son regard bleu, perçant, qui semble voir l’intérieur de l’âme. Plus loin, une carte postale que lui envoient Picasso et Manolo. « Max, tu sais que je t’aime », lui écrit ce dernier. Puis, ce sont des études chiromantiques de Max Jacob – qui prédit en 1911 à Guillaume Apollinaire un destin tragique. Ou encore un dramatique portrait à l’encre de Chine de Max Jacob portant l’étoile jaune par l’illustrateur Jean Boullet. Ses dessins et ses poèmes racontent ensuite son aventure cubiste, comme ils évoquent son intense création dans les paysages de Céret, où il séjourne avec Picasso, Eva Gouel et Manolo entre avril et juin 1913. Place au rire, à la joie, et bientôt, dans la section suivante, au théâtre et au cirque, qu’affectionnait particulièrement Max Jacob. Ce n’est pas un hasard s’il fut le modèle du Fou de Picasso – une des œuvres phare de l’exposition – qui étudie l’ambiguïté à la fois comique et tragique de son modèle à partir de l’Arlequin de la commedia dell’arte… Un pied de nez à la fin tragique de ce « cubiste fantasque » pour reprendre le titre de l’exposition ? Sans doute. Certes, en 1944, les efforts de ses amis, et en particulier Picasso, pour le faire libérer et empêcher sa déportation furent vains. Mais ici, au Musée de Céret, Max Jacob est placé au cœur de la galaxie cubiste, entouré des œuvres de ses amis, ou apparaissant avec eux sur les photographies de Jean Cocteau : il semble alors que ses compagnons de cordée l’aient bel et bien arraché à la barbarie et à la mort. Ses dessins comme ses poèmes cubistes, qui résonnent ici et là grâce à des dispositifs sonores, le regard intense de ses portraits, son humour et son rire qui affleurent sans cesse, en témoignent avec éclat.

« Max Jacob, le cubisme fantasque »,
Musée d’art moderne, 8, boulevard Maréchal Joffre, Céret (66), www.musee-ceret.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°778 du 1 septembre 2024, avec le titre suivant : Les rires de Max Jacob

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