Art contemporain

Metz (57)

Les reflets de l’inconscient

Centre Pompidou-Metz – Jusqu’au 27 mai

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 26 février 2024 - 368 mots

Psychanalyse -  Voilà plus de quarante ans que Jacques Lacan est mort, et jamais une exposition n’avait été consacrée à ce psychanalyste qui explora les méandres et les mécanismes de l’esprit en scrutant les œuvres d’art.

Au Centre Pompidou-Metz, c’est lui-même qui nous accueille, à travers une vidéo de son unique intervention à la télévision, en 1974, filmée par Benoît Jacquot. La première salle, biographique, présente la vie de celui qui fréquenta ­Salvador Dali, Pablo Picasso ou encore André Masson, dont il fut le beau-frère et qui disposa un cache pour dissimuler L’Origine du monde de Gustave Courbet, acquis par le psychanalyste en 1955, aujourd’hui prêté par le Musée d’Orsay pour l’exposition. Mais passée cette salle introductive, ce sont les artistes qui nous guident et évoquent la pensée de Lacan : ceux dont les œuvres l’ont interpellé ou qu’il a côtoyés, ceux qui lui ont rendu hommage et ceux dont la création entre en écho avec ses concepts. Ces notions – le stade du miroir, le Nom-du-père, l’objet a « cause du désir »… – se déploient au fil des salles. Sans doute, pour saisir les subtilités du parcours, est-il préférable d’être quelque peu familier de Lacan, dont les théories ne sont qu’évoquées. Mais les néophytes, s’ils ne deviendront pas incollables sur la pensée lacanienne en visitant l’exposition, pourront se laisser surprendre et porter par les œuvres, qui dialoguent entre elles avec finesse. Comme aimait le faire Lacan, lorsqu’il rapprochait par exemple une fente qu’il voyait dans la robe de l’Infante des Ménines de Velasquez – dont on peut contempler un portrait, prêté par le Louvre – de celles de Lucio Fontana. Ainsi Narcisse peint par Caravage entre en écho avec les miroirs de Marcel Broodthaers et de Bertrand Lavier pour évoquer le « stade du miroir » théorisé par le psychanalyste, tandis que Niki de Saint Phalle, Louise Bourgeois ou Camille Henrot mettent à mal le « Nom-du-père ». Ce parti pris, sans doute, n’aurait pas déplu à Lacan, pour qui « en sa matière, l’artiste toujours (…) précède le psychanalyste ». Une phrase qui aurait pu constituer le sous-titre de cette exposition stimulante, qui au fil des salles nous trouble et nous offre ces instants de grâce où, soudain, un sens caché se fait jour.

« Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse »,
Centre Pompidou-Metz, 1 parvis des Droits de l’Homme, Metz (57).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°773 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Les reflets de l’inconscient

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